Affaire charbon fin à la mine d’or d’Essakane : Le Ren-Lac condamne le pillage des ressources minières

Affaire charbon fin à la mine d’or d’Essakane : Le Ren-Lac condamne le pillage des ressources minières

Le secrétariat exécutif du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), a animé un point de presse, le lundi 27 mai 2019 à son siège, sur l’affaire de présomption d’exportation frauduleuse d’or par la société IAMGOLD Essakane et l’état actuel de la gouvernance.

Le REN-LAC condamne le pillage des ressources minières rendues possibles par la complicité des dirigeants politiques. Au Burkina Faso, il ne se passe plus un jour sans qu’un scandale n‘éclabousse au plus haut sommet de l’État. Les affaires dites de charbon fin à la mine d’or d’Essakane, de recrutements frauduleux à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et la crise observée au sein de la justice en sont des illustrations. Pour le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), ces illustrations achèvent de les convaincre que la promesse de «tolérance zéro», et de «gouvernance vertueuse», chantées au lendemain de l’élection du président Kaboré, sont trop lourdes à porter pour lui et ses différents gouvernements. Le 31 décembre 2018, l’opinion publique a été informée de la saisie et de la mise sous scellée judiciaire à Bobo-Dioulasso d’une trentaine de conteneurs de charbon fin contenant de l’or, de l’argent et autres minerais sur le point d’être exportés vers le Canada. Les informations rapportées par les journaux faisaient état d’une tentative d’exportation frauduleuse d’or, maquillée en exportation de déchets de charbon. Dans un contexte de raréfaction des ressources, le (REN-LAC), estime que ces révélations auraient dû amener l’exécutif burkinabè, s’il était de bonne foi, à diligenter une enquête pour confirmer ou infirmer ces faits qui mettent en jeu plusieurs milliards de francs CFA. En lieu et place, le ministère en charge des Mines s’est borné à non seulement réfuter les allégations mais aussi à défendre la société IAMGOLD Essakane SA.

En outre, dans un communiqué diffusé le 2 janvier sur les ondes, les responsables du ministère font savoir à l’opinion nationale que la société IAMGOLD Essakane SA, disposait de toutes les autorisations nécessaires pour exporter le charbon fin. Par conséquent, il ne s’agissait pas d’après eux de fraude ou de pillage au sommet de l’État. Tentative d’exportation d’or de la part d’Essakane.

Pourtant, contrairement aux allégations du ministère, le Réseau affirme qu’il y a bel et bien eu tentative d’exportation frauduleuse d’or de la part d’Essakane SA. A en croire le secrétaire exécutif, Sagado Nacanabo, de sources sûres, les conteneurs saisis contenaient des sacs avec du minerai et aussi sous-estimées (anormalement élevées par rapport à celles rencontrées dans le charbon fin des autres mines). Toujours selon lui, les quantités de matières précieuses ont été sous-évaluées par une combinaison de plusieurs facteurs. Le différentiel de poids sec déclaré est ainsi de 67,4 tonnes. «En prenant en compte les teneurs déclarées par IAMGOLD Essakane SA, pour l’or et l’argent, on aboutit à 59,048 kilogrammes d’or et 24,11 kilogrammes d’argent non déclarés», a-t-il dit. Il ajoute aussi qu’une expertise douanière portant sur les exportations litigeuses de charbon fin et autres substances minérales effectuées par la société IAMGOLD Essakane SA, au cours des années 2015, 2016 et 2018, confirme aussi les soupçons de fraude. «En 2015, le ministère s’est permis d’accorder à cette société d’exporter au Canada 447,288 tonnes de charbon fin qui contiendraient 514,439 kilogrammes de métaux précieux (or, argent) en vue d’un tristement métallurgique, en violation des textes en vigueur.

Il a répété cette même forfaiture en 2016 et 2018», a laissé entendre Sagado Nacanabo. Au regard donc des éléments sus évoqués, le Réseau tout en félicitant le parquet et la presse, condamne fermement le pillage des ressources minières rendu possible par la complicité des dirigeants politiques. Il exige que toute la lumière soit faite sur cette affaire afin que les biens en cause soient tout simplement confisqués au profit du peuple. «Tous ceux qui sont compromis dans cette affaire doivent rendre compte», a renchéri Sagado Nacanabo. Par ailleurs, Le Ren-Lac invite aussi le gouvernement à prêter une oreille attentive aux préoccupations des acteurs judiciaires en lutte afin de lever les dysfonctionnements au risque d’encourager la justice privée.

Pélagie OUEDRAOGO

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