L’avocat de Djibrill Bassolé, l’ex-chef de la diplomatie burkinabè placé en résidence surveillée en octobre, a interpellé les présidents burkinabè et français sur la situation de son client, dans une lettre ouverte à l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron au Burkina. Ministre des affaires étrangères sous l’ancien président Blaise Compaoré, renversé par la rue en fin 2014, M. Bassolé a été emprisonné pendant deux ans pour son implication présumée dans le putsch manqué du 16 septembre 2015 au Burkina Faso. Le 10 octobre, la justice militaire lui a octroyé la liberté provisoire et l’a assigné à résidence surveillée dans un domicile autre que le sien.
«M. Bassolé n’a en réalité fait que changer de lieu de détention (…) malgré la décision de remise en liberté, malgré son état de santé parfaitement alarmant», affirme Me Alexandre Varaut, dans une lettre ouverte adressée aux présidents Roch Marc Christian Kaboré et Emmanuel Macron, qui doit prononcer mardi un discours à l’Université de Ouagadougou.
«Le ministre de la défense, substituant son autorité à celle de la justice», a pris le 13 octobre «un arrêté organisant les conditions très restrictives de cette résidence surveillée», accuse Me Varaut. «Il n’y a pas d’Etat de droit là où les opposants politiques sont en prison, là où le ministre de la défense se substitue au juge», estime l’avocat. M. Bassolé a été inculpé de «trahison, atteinte à la sûreté de l’Etat, complicité d’assassinat, de blessures volontaires», sur la base d’enregistrement d’une supposée conversation téléphonique qu’il aurait eue avec le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, dans laquelle celui-ci semble affirmer son soutien au putsch de septembre 2015, dirigé par le général burkinabè Gilbert Diendéré. En juillet, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire du Haut-commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU avait jugé arbitraire la détention de Djibrill Bassolé, appelant à sa libération immédiate.Le Burkina Faso avait aussitôt demandé un réexamen de cet avis, estimant que ses arguments n’avaient pas été pris en compte par l’ONU.
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