C’est une sortie qui confirme les appréhensions que l’on s’était fait et les convictions que s’étaient construites l’immense majorité des observateurs de la scène politique béninoise. Selon un témoignage du magistrat Essowé Batamoussi, membre de la Chambre des libertés et de la détention de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIE), la mise en détention de l’opposante Reckya Madougou, a été ordonnée par la Chancellerie. Pour ce magistrat qui après une démission fracassante, a décidé de fuir le pays par crainte de représailles, dans ce dossier, toutes les instructions ont été reçues du pouvoir politique.
Cette dénonciation vient renforcer les soupçons de manipulations et de cabale politique qui pesaient sur cette affaire. Sans connaître le fond de l’affaire qui dégageait une forte odeur de machination, nombreux étaient ceux qui avaient émis des réserves sur les accusations portées contre l’ancienne conseillère du Président Faure Gnassingbé.
Si l’on s’en tient à la chronologie des faits et à cette sortie de ce magistrat démissionnaire, l’homme d’affaires-président Patrice Talon aurait usé de méthodes peu catholiques pour écarter un adversaire politique. Il espère ainsi s’offrir un second sans coup férir au grand dam du jeu démocratique qui avait une fois de plus permis à ce pays de «briller» de par son exemplarité en la matière lors de la présidentielle du 20 mars 2016, qu’il a remporté au second tour face au dauphin de Yayi Boni, en la personne de Lionel Zinsou. En écartant celle qui pouvait lui rendre la tâche difficile, il s’ouvre un boulevard pour sa réélection lors du scrutin du 11 avril prochain. Après avoir trahi son serment d’effecteur un seul mandat, Patrice Talon vient donc de tordre le cou à la bonne réputation que s’est faite le Bénin sur le plan démocratique. Et il serait improductif pour ses proches et obligés de chercher à apporter un démenti à ces accusations, car le risque de s’enfoncer est grand.
La rédaction
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