Le feuilleton judiciaire sur la demande d’extradition de François Compaoré introduite par la justice burkinabè dans le cadre de l’affaire Norbert Zongo se poursuit. Hier lundi 12 juillet 2021, c’était au tour du Conseil d’Etat français d’inscrire au rôle ce dossier qui suscite passion et controverse au pays des hommes intègres.
Après l’avis favorable de la Cour de cassation de Paris et la signature du décret par Anne Guédamour, collaboratrice de la garde des Sceaux, autorisant l’extradition du frère cadet de Blaise Compaoré vers le Burkina Faso, le Conseil d’Etat reste la dernière étape à franchir pour être situé sur le sort de celui qui est présenté comme le véritable commanditaire de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo.
Dernier échelon dans la procédure, le Conseil d’Etat a par la voix de son rapporteur jugé qu’en dépit de toutes les suspicions, la confiance entre Etats doit prévaloir dans des dossiers de ce genre. Fort de cet argumentaire, le rapporteur, s’est prononcé en faveur du rejet de la demande de François Compaoré et de son conseil, d’éteindre la procédure, emboitant le pas aux précédentes juridictions.
Comme il fallait s’y attendre, lors de cette audience, les avocats de la défense ont de nouveau rué dans les brancards et dénoncé l’immixtion du politique dans ce dossier qui tient l’opinion burkinabè en haleine depuis décembre 1998. Pour Maitre François-Henri Briard binôme de Pierre Olivier Sur (très connu des Burkinabè), autoriser l’extradition de François Compaoré vers son pays, c’est «l’enfer et la mort». Ils en veulent pour argumentaire, la dégradation poussée du climat sécuritaire marquée par des assauts répétés de groupes armés terroristes dans plusieurs régions et l’insalubrité de l’univers carcéral burkinabè. Sans juger de la pertinence de cet argumentaire, on pourrait dire que le ton condescendant employé pour décrire le Burkina Faso dénote d’un manque de sérénité dans le camp de la défense.
En attendant d’être situé sur la décision finale du Conseil d’Etat sur ce dossier prévue dans au moins deux semaines, François Compaoré et son conseil s’accrochent à tout ce qui peux l’être pour «éviter un retour forcé» au Burkina Faso où il devra répondre des accusations «d’incitation à assassinat» du directeur de publication de L’Indépendant. Comme un soldat acculé au front, ils entendent se «battre jusqu’à la dernière balle» pour sauver la tête du petit président dont le nom est associé à tort ou à raison à plusieurs excès et abus sous le magistère de son frère président, Blaise Compaoré. Dans la ligne de mire de son conseil, en cas d’avis favorable du Conseil d’Etat, figure la Cour européenne des droits humains qu’ils pourront saisir afin de faire suspendre la décision d’extradition.
Mais à présent et en dépit des recours à sa disposition, François Compaoré est de plus en plus proche d’une extradition vers le Burkina Faso. Dans les tréfonds de son âme et son for-intérieur, c’est un homme condamné à «compter les jours» depuis le déclenchement de la procédure d’extradition. Et comme l’avait prédit Norbert Zongo, dans une de ses sorties, tôt ou tard, il devra se résoudre à répondre devant la justice dans ce dossier.
Davy Richard SEKONE
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