Affaire Norbert Zongo : Quel  délibéré à Paris pour ce 5e renvoi ?

Affaire Norbert Zongo : Quel  délibéré à Paris pour ce 5e renvoi ?

 Aujourd’hui, mercredi 5 décembre 2018, est une date qui sera gravée en lettre d’or dans les mémoires et les annales de l’histoire de la justice burkinabè. En effet, à des milliers de kilomètres du pays des hommes intègres se joue le destin de François Compaoré, frère cadet du président déchu Blaise Compaoré. Ce 5 décembre, François Compaoré saura mercredi si la justice accepte de l’extrader vers le Burkina Faso, afin qu’il réponde des accusations portées contre sa personne dans l’enquête sur l’assassinat du journaliste Norbert Zongo en 1998.

Âgé de 64 ans, François Compaoré, aujourd’hui sous contrôle judiciaire, avait été arrêté à l’aéroport parisien Roissy-Charles-de-Gaulle en octobre 2017 sur la base d’un mandat d’arrêt émis le 5 mai 2017 par les autorités de Ouagadougou. Selon plusieurs sources, jusqu’à ce jour, il n’avait jamais été inculpé dans cette affaire. Alors qu’il enquêtait à l’époque sur la mort de David Ouédraogo, le chauffeur de François Compaoré, Norbert Zongo et trois personnes qui l’accompagnaient avaient été retrouvés morts calcinés dans leur véhicule le 13 décembre 1998 à Sapouy (sud du Burkina Faso).

A Paris, le parquet général s’est déclaré favorable à cette extradition. Une procédure contestée par les avocats de M. Compaoré, Me Pierre-Olivier Sur et Mathias Chichportich qui en dénoncent le caractère irrégulier et «exclusivement politique». A l’appui de leur défense, les avocats soulèvent l’imprécision du mandat d’arrêt, le non-respect de la condition de double incrimination, l’infraction poursuivie au Burkina Faso d’«incitation à assassinat», n’existe pas en France et le risque de voir la peine perpétuelle s’appliquer à M. Compaoré.

Initialement prévue en juin, la décision sur l’extradition avait dû être reportée dans l’attente de la transmission de nouvelles pièces. La cour avait réclamé au Burkina Faso des «éléments matériels précis». Dans ce contexte, les avocats ont demandé à la cour d’écarter ces nouvelles pièces, affirmant que le magistrat instructeur de Ouagadougou avait rajouté des éléments à charge dans un témoignage oculaire ancien pour tenter de démontrer l’implication de M. Compaoré dans les assassinats.

Ils ont déposé en octobre une plainte à Paris pour «faux et usage de faux criminel» en visant ce magistrat, doyen des juges d’instruction de Ouagadougou. «Cet ajout ne peut être le résultat d’une simple erreur matérielle mais caractérise bien une intention frauduleuse», avaient souligné les avocats. Un arrêt de 2014 de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, condamnant le Burkina Faso pour avoir manqué de diligence dans son enquête sur ces assassinats est également au cœur des débats.

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