Affaire Sonko : L’alternance, la ligne rouge pour les Sénégalais

Affaire Sonko : L’alternance, la ligne rouge pour les Sénégalais

Que se passera-t-il au Sénégal ce matin du lundi 8 mars ? On peut dire d’emblée que la journée internationale dédiée à l’autre moitié du ciel (8-Mars) sera reléguée au second plan. Et pour cause … Après les émeutes de ces derniers jours consécutifs à l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko, et de la prolongation de sa garde à vue, le Mouvement pour la défense de la démocratie (MDD) a appelé le samedi 6 mars à la «résistance» conçue sous forme de 3 jours de manifestations à compter d’aujourd’hui.

Le même jour, d’un ton comminatoire, Antoine Félix Diome, le ministre de l’Intérieur rajoutait au grief déjà reproché au patron du Pastef, à savoir le crime sexuel, d’autres notament «Appel à la violence, à l’insurrection et affaissement de l’Etat, …». Et même d’intelligence avec des «forces occultes identifiées». Propos auxquels ont fait échos ceux de la ministre des Affaires étrangères Aïssata Tall Sall qui a parlé aussi de «forces étrangères». Qui donc indexe le pouvoir sénégalais ? Qui veut installer la chienlit au pays de la Terranga ? Qui sont ces forces occultes ?  En tout cas, ces 2 sorties ministérielles, surtout celle du premier flic du pays n’augurent rien de bon pour l’illustre proscrit politique.

4 morts, des bâtiments publics, des biens privés saccagés que les équipes de nettoyage essaient d’effacer, mais les stigmates de ces heures chaudes restent visibles, et Dakar risque de prendre les allures d’une ville en guérilla urbaine, dès ce lundi.

C’est regrettable d’ailleurs qu’on en soit arrivé là pour une histoire de massage qui a glissé sur la politique, pour ne pas dire qu’une histoire de femmes s’est muée en affaire d’Etat.

Le président Macky Sall qu’il le veuille ou non est désormais concerné par l’affaire Sonko. Il n’y a peut-être pas eu de complot étatique, car Sonko aura manqué de flair, de prudence. C’est un homme après tout, mais lorsqu’on s’est drapé dans la toge d’un opposant antisystème, lequel a eu ce parcours politique fulgurant qui est le sien, on se doit de pacifier son sérail privé.

Ceci dit, il n’y a peut-être pas de piège tendu par le pouvoir, mais occasion rêvée pour celui-ci de rabattre le caquet à un adversaire, qui pourrait lui donner des soucis aux prochaines échéances, notamment présidentielle. D’où peut-être cette rapidité du côté de la justice, danger perçu d’ailleurs par l’Union des magistrats sénégalais (UMS) qui a appelé les juges à la neutralité dans l’affaire Sonko.

Dossier mal géré également, car pour les Sénégalais, il y a une ligne rouge à ne pas franchir : la possibilité de l’alternance. Abdoulaye Wade a été le premier bénéficiaire de cette veille citoyenne en se coulant dans la peau de l’artisan de la 1ère alternance en mars 2000, en battant Abdou Diouf et son PS. Même du temps du fondateur du PDS, il y a eu des trublions à l’image par exemple d’Idrissa Seck, qui slalomait entre fils spirituel du pape du Sopi et sérieux opposant à ce dernier, même en ce temps-là, Gorgui faisait attention de ne pas boucher les possibilités de mobilité politique, et de respiration de la démocratie. C’est au nom de ce sacro-saint principe ou plutôt de cette vigilance éternelle que lui aussi, filleul politique «d’Ablaye» Wade a pu accéder au fauteuil présidentiel.

Pour OVNI politique ou jeune inexpérimenté et populiste qu’il est, Ousmane Sonko est nécessaire dans le marigot Sénagalais, il est arrivé 3e à la présidentielle de 2019 avec 15%, il incarne les idéaux d’une frange de la jeunesse, il a un projet politique qui séduit de nombreux compatriotes, il faut lui laisser toutes les chances, pour 2024, et c’est ce message clair et sans équivoque que les émeutiers envoient au pouvoir à travers leurs actions violentes qu’il faut condamner, mais dont il faut inscrire dans le cadre de la santé démocratique du Sénégal. Ousmane Sonko prendra-t-il (tout comme avant lui Karim Wade ou Khalifa Sall), le chemin de la prison de Rebeuss ?

Ou alors la fameuse MASLA, la diplomatie souterraine sénégalaise, très efficace, déployée souvent par les puissantes confréries maraboutiques de Touba et Tivouavane et le clergé, cette MASLA apportera-t-elle la désescalade ? On ne peut que le souhaiter pour le Sénégal.

La REDACTION

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