Affaire Thomas Sankara : Blaise et ses     avocats tournent le dos au procès

Affaire Thomas Sankara : Blaise et ses   avocats tournent le dos au procès

On s’en doutait depuis quelques temps, ces appréhensions viennent de se confirmer. L’ex-président Blaise Compaoré, principal accusé, et ses avocats ne prendront pas part au procès Thomas Sankara. Ils l’ont fait savoir le jeudi 7 octobre 2021 à travers un communiqué signé par ses avocats Me Olivier Pierre Sur et Me Abdoul Ouédraogo. «Le président Blaise Compaoré ne se rendra pas  et nous non plus au procès politique organisé à son encontre devant le Tribunal militaire de Ouagadougou, c’est-à-dire devant une juridiction d’exception», informent-ils.

Selon le conseil de l’ex-président, cette décision s’inscrit premièrement dans la logique de la «procédure qui ne lui a pas été rendue contradictoire, du fait de la carence de la juridiction d’instruction, laquelle ne l’a jamais ni convoqué pour un interrogatoire, ni ne lui a jamais notifié aucun acte sinon sa convocation finale devant la juridiction de jugement».

Secundo, les avocats brandissent le bouclier de l’immunité que lui confère son statut d’ancien président conformément à l’article 168-1 de la Constitution du Burkina, introduit par la loi constitutionnelle du 11 juin 2012, signée par le Président Roch Kaboré, alors Président de l’Assemblée nationale.

Pour eux, la décision de faire juger Blaise Compaoré, s’inscrit dans la continuité :

– du procès dit des ministres, auquel, ils (avocats burkinabè et français) , avaient participé à la première journée d’audience le 4 mai 2017 pour dénoncer une série de nullités de procédure, lesquelles ont conduit à un renvoi qui a démontré qu’il ne s’agissait que d’une mise en scène politique et non d’un procès équitable impossible à organiser, et qui d’ailleurs depuis lors, n’a jamais été audiencé ;

– de la délivrance à l’encontre du Président Blaise Compaoré d’un mandat d’arrêt international, lequel a été annulé par la Cour de cassation du Burkina le 28 avril 2016, de telle sorte qu’il n’est aujourd’hui visé par aucun mandat d’arrêt international.

Et le communiqué d’indiquer qu’en tout état de cause, si le Président Blaise Compaoré ne reconnaît pas la justice du Président Roch Kaboré, il demeure confiant en la justice internationale. A ce titre, il cite la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples qui a condamné le Burkina Faso le 28 mars 2014 dans l’affaire Norbert Zongo, tout en considérant que «les autorités concernées n’ont jamais cherché à Poursuivre d’autres pistes d’investigations que les milieux du pouvoir en place», disculpant son frère François Compaoré.

Mais aussi,  la Cour européenne de Strasbourg qui, par une mesure d’urgence Inédite, s’est opposée à l’extradition de son frère le 6 août 2021, eu égard aux incertitudes qu’offre présentement le Burkina en terme de protection des droits de l’homme. Pour finir, les deux avocats glissent que loin de tourner le dos à ses responsabilités, Blaise Compaoré  appelle de ses vœux, l’union nationale contre le terrorisme à la réconciliation nationale au nom des valeurs supérieures du pays.

Notons que c’est le lundi 11 octobre prochain que s’ouvre le procès Thomas Sankara. Au total, quatorze personnes dont l’ex-président, Blaise Compaoré sont inculpés. L’ancien président, exilé à Abidjan depuis 2014, est formellement inculpé d’«attentat à la sûreté de l’État» et de «complicité d’assassinat» dans ce dossier. Avec son ex-chef de la sécurité présidentielle, Hyacinthe Kafando, en fuite, ils seront les deux grands absents de ce procès «historique».

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