Candidature achetée ? Cheval de Troie ? Quoi qu’il en soit, Pascal Affi N’Guessan, le président de «l’autre» FPI s’est retrouvé «admis» dans la short liste des candidats à la présidentielle en Côte d’Ivoire. Les rumeurs ont parcouru l’échine de la classe politique ivoirienne, assurant qu’il était un «concurrent motard», une sorte d’accompagnateur et de faire-valoir pour rendre un peu plus crédible la candidature d’Alassane Ouattara. En effet ni lui, encore moins KKB, selon tous les connaisseurs du landernau politique ivoirien n’étaient à mesure de rassembler les parrainages requis sur leur nom, pour être admis !
Du reste, du côté du FPI, tendance Adou Assoa, Affi N’Guessan n’a jamais été représentatif du parti, et qu’il roule en fait pour Ouattara. Toute l’opposition était persuadée que Affi N’Guessan est de la race des politiciens qui vitupèrent le jour contre le pouvoir et font partie des visiteurs de nuit de Ouattara ! Vrai ou faux, cette croyance colle au veston de ce dernier. Pire, même sa rencontre bruxelloise avec Laurent Gbagbo, n’a pas pu lever ce quiproquo, puisque l’ex-président n’a jamais cautionné la candidature de N’Guessan !
Mais voilà que l’opposant vient de faire une sortie qui pourrait permettre de lever le doute. A moins qu’il joue un double jeu ? Est-il télécommandé par le camp ADO pour faire croire qu’il est contre lui alors qu’il est avec lui ? C’est une plausible possibilité. En attendant, son clairon s’unit au tollé général qui se dresse contre le troisième mandat de «ADO solution». Et ses propos justement tendent à dénier ce qu’on l’accuse de porter : il n’est pas un accompagnateur, il n’est pas un faire-valoir et il ne veut pas être utilisé pour «valider» une présidentielle au résultat déjà tronqué, truqué et connu d’avance.
Sans ambages, Affi N’Guessan rejoint avec armes, bagages et arguments les rangs déjà nombreux des opposants au «rêve» d’Alassane Ouattara de poursuivre ses si nombreux chantiers en Côte d’Ivoire. Le préalable pour qu’il parte croiser le fer à la présidentielle est qu’il y ait une refonte de la Commission électorale (CEI) et du Conseil constitutionnel à qui il a arraché l’étoffe de l’impartialité et pour qui il déclare qu’il ne reconnaîtra pas les résultats qu’il proclamera à l’issue du scrutin d’octobre.
En effet, selon encore ceux qui fouillent partout, il se susurre que les scores des 4 retenus par le Conseil constitutionnel serait déjà arrêté et qu’à l’issue du vote, Affi N’Guessan et KKB féliciteraient évidemment le gagnant Ouattara, Konan Bédié, lui se rebiffera et on l’accusera de mauvais perdant !
Voici donc désormais la configuration de la classe politique ivoirienne sur cette affaire. Alassane Ouattara est désormais seul avec son RHDP à garder les voiles levés vers la destination de la présidentielle. Contre lui, une vague d’opposants grinçant des dents et promettant qu’il n’arrivera pas à destination.
Les «partenaires» sur le plan international, notamment l’Union européenne, observent une sorte de neutralité qui penche plus vers la désapprobation que l’encouragement. Le communiqué à demi-teinte du représentant de l’Union européenne ne dit pas autre chose qu’un regard peu bienveillant sur la volonté de Alassane Ouattara.
Même le pays qui est présenté comme le grand allié de Ouattara, la France, semble s’être rétracté. Le rappel de l’ambassadeur de France à Abidjan a été présenté comme un acte administratif loin des remous politiques actuels en Eburnie. Mais on sait que le langage diplomatique a sa logique que la logique du commun des mortels peut ne pas convenablement décrypter.
Mais il est tout de même que ce rappel ait lieu après le déjeuner mi-figue mi-raisin entre Ouattara et Macron à l’Elysée et la manifestation silencieusement peu bruyante de Paris pour un encouragement manifeste du troisième mandat.
En plus de cela, la rue gronde en Côte d’Ivoire. On ronge son frein et il y a comme un air d’avant déflagration qui plane sur le pays. Dans ces conditions, n’est-il pas sage pour le président Ouattara d’écouter toutes ces voix qui le conseillent et reporter la présidentielle ? Le temps de désamorcer tous ces nuages noirs qui s’amoncèlent sur l’avenir des Ivoiriens ? C’est un scénario semble-t-il évoqué à l’Elysée lors du déjeuner tendu avec Macron en début septembre. Parfois, il faut savoir lire dans les signes. Ouattara le fera-t-il ? .
Ahmed BAMBARA
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