Afrique du Sud : Ramaphosa et l’héritage  empoisonné de Zuma

Afrique du Sud : Ramaphosa et l’héritage  empoisonné de Zuma

Zuma est parti. Vive Ramaphosa ! Le président de l’ANC a pris « sa chose » en Afrique du Sud. Dans le fauteuil toujours fumant laissé par Jacob Zuma, le parlement a fait asseoir Cyril Ramaphosa. Le désormais ancien président de la nation arc-en-ciel a été terrassé par la détermination de son parti, de l’opposition, de l’opinion, mais surtout par les casseroles aux couleurs tout aussi diverses qu’il traînait derrière lui. Il a beau déclarer démissionner avec plusieurs onces de colère dans la voix, semblant accuser sa famille politique de l’avoir lâché, mais il ne peut que s’en prendre à lui-même.

Cyril Ramaphosa est, lui, bien installé. Il a un an devant pour lui pour essayer de porter sans encombre, le lourd héritage de Jacob Zuma. Un héritage dégoulinant du poison que Zuma s’est évertué à concocter, à nourrir et à entretenir toutes ces années durant. Il a corrodé l’image du parti devant le Parlement. Son successeur promet de corriger cet écart en étant plus présent à l’hémicycle pour répondre aux préoccupations des députés, donc du peuple.

Zuma a aussi terni l’image de l’ANC avec les nombreux et répétitifs scandales qui l’ont éclaboussé sont-ce de ceux-là la réfection onéreuse au frais du contribuable, de sa résidence de Nkandla, ses relations mafieuses avec la sulfureuse famille Gupta, et toutes les autres affaires, qu’il traîne dans son sillage. Détournements de derniers  publics, soupçons de pots de vin et autres dossiers louches ont lacéré le corps et la dignité du parti de Nelson Mandela, entamant sérieusement la crédibilité de la formation aux yeux des Sud-Africains.

Enfin, le départ de Zuma est comme un meuble qu’on déplace et qui découvre la fissure dans le plancher qu’il cachait. L’ANC est aussi divisé. Ce n’est point un doute. Cet épisode a laissé des stigmates qui risquent de freiner la cohésion de cette formation. Autant de scories qui ont de fortes chances de mettre en danger les chances du parti de briller aux prochaines élections.

Voici donc l’héritage laissé par Jacob Zuma entre les mains de Cyril Ramaphosa. Un legs empoisonné, que le successeur devra gérer avec parcimonie. Cyril Ramaphosa en a les qualités : adossé à sa légitimité historique, on n’a pas été un compagnon de Madiba pour rien, et fin négociateur, héritage de son séjour dans la pétaudière syndicale, le nouveau président peut extirper l’ANC du mauvais pas dans lequel l’a plongé Zuma. Ayant fait sa campgne contre la corruption, et malgré qu’il fait  partie des Crésus sud-africains, son nom n’a jamais été mêlé à des scandales, Ramaphosa dispose donc d’une marge de manœuvre, de ce côté-ci. Il a déjà commencé du reste, son opération «mains propres» en alpaguant, un Gupta, un proche du ministre des mines et un magnat de la presse. En cela, il a le visage du changement tant voulu par ses  concitoyens. Son talon d’Achille restera la réunification de l’ANC, pour les échéances électorales. Il a un an pour vider ce trop-plein d’ondes négatives. Talonné par les Julius Maléma qui ne manqueront pas d’essayer leurs dents acérées sur la peau de son juvénile mandat, c’est l’heure pour lui de prouver son efficacité en tant qu’homme politique et sa probité et habileté en tant qu’homme d’affaires et sa qualité manœuvrière en tant qu’ex-syndicaliste. Il y va de l’avenir de l’ANC et de la nation arc-en-ciel. 

Ahmed BAMBARA

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