AG de la CNSE :  Le protocole d’accord expliqué

AG de la CNSE : Le protocole d’accord expliqué

La Coordination nationale des syndicats de l’éducation (CNSE) a tenu une assemblée générale, le lundi 29 janvier 2018, à Ouagadougou. A travers cette rencontre, elle a donné le contenu du protocole d’accord, signé avec le gouvernement, le dimanche 28 janvier 2018.

Le bras de fer qui opposait la Coordination nationale des syndicats de l’éducation (CNSE) au gouvernement depuis quatre mois, est fini. La coordination a eu gain de cause, le dimanche 28 janvier 2018,  avec la signature du protocole d’accord qui a mis fin à la crise. C’est une victoire pour les 15 syndicats regroupés au sein de la CNSE qui, au lendemain de la signature, ont convié leurs militants à une assemblée générale.

Il était question de porter à la connaissance de ces derniers, le contenu du protocole d’accord. Il faut le rappeler, quatre points ont été engagés dans la discussion et tous ont connu une avancée positive. L’un des points essentiels pour la coordination est la revalorisation de la fonction enseignante qui comporte neuf sous-points. Le contenu de ce point comme les autres d’ailleurs, livré par le coordonnateur national, Windyam Zongo, révèle qu’en ce qui concerne l’amélioration de l’indemnité spéciale de logement pour les personnels, le gouvernement s’engage à améliorer l’indemnité spéciale de logement pour le personnel enseignant en classe et le personnel d’encadrement sur le terrain comme suit : une augmentation de 7 800 francs CFA pour la catégorie C, 11 050 francs CFA pour la catégorie B, 14 300 francs CFA pour la catégorie A et 17 500 francs CFA pour la catégorie PB. Il s’engage en outre, à harmoniser l’indemnité de logement du conseiller pédagogique de l’enseignement secondaire avec celle de la catégorie PB, soit une augmentation de 30 000 francs CFA pour la catégorie PC. Les deux parties ont convenu que ces augmentations seront constatées progressivement, sur la période de 2018 à 2019, à raison de la moitié par an. Un second sous-point fait état de l’application effective de la convention collective de l’enseignement privé laïc et son extension aux autres types d’enseignement privé. Sur ce sous-point, le gouvernement s’engage à prendre en charge la question, à travers ses structures techniques habilitées. Pour ce qui est de la gestion diligente et efficace des dossiers de carrière des personnels de l’éducation et de la recherche, l’exécutif s’engage également à poursuivre la déconcentration de la gestion des actes de carrière des agents et à étudier la possibilité de réorganiser la forme institutionnelle de la DRH. Il s’engage en outre, à apurer les retards d’avancement et de reclassement de 2016 dans un délai de deux mois, à compter de la date de signature du protocole d’accord et à assurer le mandatement des nouveaux agents au plus tard, un mois après la date de leur prise de service. Un autre sous-point sur les neuf, concerne la valorisation et l’octroi de l’indemnité spécifique à tous les personnels de l’éducation et de la recherche. A ce niveau aussi, l’exécutif a pris l’engagement d’harmoniser l’indemnité spécifique aux taux appliqués à l’ex-MESS, à compter du 1er janvier 2018, au profit des personnels du MENA et du personnel non enseignant en service dans les structures centrales au MESRSI. De même, il s’est engagé à augmenter de 5 000 francs CFA les taux harmonisés au profit de tout le personnel du MENA et du personnel non enseignant en service dans les structures centrales au MESRSI qui en bénéficient, à raison de 2 500 francs CFA en 2018 et 2 500 francs CFA en 2019.

Parmi les quatre points soumis à discussion, l’on relève celui faisant état de l’amélioration des conditions de travail pour une efficacité du système éducatif. Au total, 10 sous-points sont à relever dans ce point. Il s’agit entre autres, de l’allocation d’au moins 30% du budget national au secteur de l’éducation avec une dotation conséquente de toutes les structures éducatives de tous les ordres de moyens de fonctionnement efficace, où le gouvernement s’engage à poursuivre l’augmentation progressive du budget alloué à l’éducation dans tous les ordres d’enseignement. On peut citer également comme sous-point l’amélioration des conditions de vie et d’étude des élèves et étudiants où le gouvernement s’engage entre autres, à poursuivre la construction dans un moyen terme, d’un lycée scientifique avec internat dans chaque région, à relire les textes relatifs aux conditions d’octroi des bourses d’études, en tenant compte du mérite, mais aussi des conditions de vie pour une justice sociale, à doter toutes les écoles préscolaires et primaires publiques de vivres pour quatre mois en 2019, six mois en 2020 et neuf mois, à partir de  2021. Parmi les sous-points, il y a également celui qui exige la tenue effective du conseil de discipline, la poursuite et la sanction des responsables de structures administratives coupables de mauvaise gestion administrative et financière. Ici également, l’exécutif s’engage à tenir régulièrement les sessions du conseil de discipline et à sanctionner les éventuels coupables.

De l’amélioration de l’accès à l’éducation, l’adoption d’un statut particulier valorisant des personnels de l’éducation

Les deux autres points qui ont fait l’objet de discussion entre les syndicats et le gouvernement sont l’amélioration de l’accès à l’éducation et l’adoption d’un statut particulier valorisant des personnels de l’éducation. Dans ces deux points, il est question de l’effectivité de la gratuité de l’éducation de base où le camp d’en face s’est engagé à élargir le périmètre de la gratuité au préscolaire public, à travers l’allègement des charges, à subventionner les manuels du préscolaire, à réexaminer les procédures de production des manuels et prendre des dispositions pour que les manuels soient livrés dans les écoles, le 15 septembre de chaque année, au plus tard, etc. Pour ce qui est du développement de l’éducation préscolaire, il s’engage également à développer l’éducation préscolaire et à recruter le personnel en nombre et en qualité.

C’est là la synthèse du protocole d’accord signé par la Coordination nationale des syndicats de l’éducation (CNSE) et le gouvernement, qui a été présenté par le coordonnateur national, Windyam Zongo, à ses collègues, ce lundi 29 janvier 2018 au cours de l’assemblée générale convoquée par la coordination.

Un accord de «merde»

Ils étaient nombreux à déclarer à la fin de l’AG, que la mise en application du protocole d’accord, va donner un nouveau souffle à l’éducation burkinabè. Sans hésiter, tous ceux qui se sont prêtés à nos questions, ont tenu à saluer le travail abattu par la coordination. Sont-ils vraiment satisfaits de cet accord ? La question mérite d’être posée, au regard d’une scène dont nous avons été témoin. En effet, certains enseignants non satisfaits du protocole n’ont pas hésité à traiter l’accord de «merde». On pouvait entendre des voix qui disaient : «C’est quoi ces maigreurs qu’on nous a servies». Un petit groupe d’enseignants se dirigeant vers les responsables syndicaux pour leur signifier leur mécontentement, a été stoppé dans son élan par un enseignant, qui lui a demandé de se calmer, car «les journalistes étant présents sur les lieux, peuvent récupérer vos propos et les diffuser (…)», a-t-il soutenu. Après quelques explications qu’il a données à ces mécontents, ces derniers vont effectivement se calmer. Cette situation présage de discussions houleuses entre les syndicats et leurs militants, dans les jours à venir. On attend de voir.

Thierry AGBODJAN

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR