Algérie : Une révolution tranquille en marche

Algérie : Une révolution tranquille en marche

Alors que le standard de l’hôpital de Genève où était censé avoir été hospitalisé Abdelaziz Bouteflika, frise l’AVC téléphonique, du fait des 3 000 appels/jour uniquement en provenance d’Algérie, pour s’enquérir de la santé du chef de l’Etat qui est rentré hier de la Confédération helvétique, un retour qui n’aura rien changé, car que Boutef soit à Zeralda ou en Suisse ou ailleurs, le quotidien des Algériens reste le même depuis des années, un quotidien fait de paupérisation et d’horizon bouché pour les jeunes et c’est ça le kérosène de ces manif.

Alors donc que le ministère de l’enseignement supérieur du pays a avancé les congés de 2 semaines qui courent désormais du 10 mars au 4 avril, question de disperser les étudiants des campus, eux qui sont les masses compactes des manifestations anti-5e mandat, alors que l’armée donne de la menace à peine couverte et que Bouteflika, ou plutôt ceux «qui parlent par sa bouche», brandissent le chiffon rouge du chaos, au cas où Boutef serait mis hors jeu, toute l’Algérie est vent débout, contre ce bail de trop au Palais d’El Mouradia, ou plutôt à la station balnéaire de Zeralda.

Alger, Oran, Constatine, … toutes les villes sont atteintes de la pandémie du «Bouteflika dégage». Dans la foulée, une grève générale a été décidée, les étudiants en sit-in et les banderoles déployés ça et là mentionnent toutes un «y en a mare» du FLN «à ranger au musée» et un Basta à un système politique obsolète.

Que va-t-il se passer en Algérie, ou plus exactement que peut-il se passer en Algérie d’ici le 18 avril ?

Nul algérologue pour prévoir cette météo politique. Tout juste constate-t-on que certains scénarios sont plus probables :

1- A commencer par cette révolution tranquille qui ne dit son nom qui est en branle depuis 3 semaines. Oui, lorsqu’un lieu emblématique telle que la place de la poste d’Alger est chaque jour noire de monde, composé de femmes et d’hommes, de jeunes surtout, ça ne peut être que le bourgeon d’une révolution, que d’aucuns, relient d’ailleurs à celle des années 60. Les Algériens estimant que depuis 1999, Boutef et sa galaxie ont trahi les idéaux indépendantistes, oripeaux dont ils se sont drapés pour gouverner, mais depuis 2013, la maladie du chef a mis à nue des prédateurs et saprophytes qui, tapis sous les lambris dorés de la République, s’en mettent pleins les poches, ignorant les populations.

2- Une invalidation de la candidature de Boutef par le Conseil constitutionnel, et son remplacement par un autre bonze du FLN. Peu probable, car Boutef demeurant l’assurance tout risque, pour le sérail du pouvoir, et encore que juridiquement, il faudra un tour de passe-passe pour les Diaforus constitutionnels pour arranger cette substitution.

3- Enfin, tout bascule, les forces de l’ordre tirent dans la foule, et là le scénario le plus subodoré advient : l’armée prend ses responsabilités elle, qui semble être le marionnettiste de tout ce cartel bouteflekiste.

En réalité également, ce mouvement algérien qui appelle de ses vœux, à défaut de ces votes, l’avènement d’un nouveau paradigme politique est écartelé par un dilemme : certes, il veut bien que cesse cette comédie d’un président fantoche, mais parmi les marcheurs, certains ont connu ou souffert via leurs familles des années de braise d’il y a 30 ans et craignent un brusque vide, ou plutôt que l’écroulement de l’actuel système n’ouvre la voie aux néo-FIS, les descendants des Abass Madani et Ali Benadj ! A moins encore que la grande muette descende dans l’arène.

En clair, désir d’une Algérie mi-Ben Bella, mi-Boumediene, avec la crainte d’une entrée par effraction des islamistes qui n’ont jamais digéré ce qu’ils ont avalé dans les années 90. Douloureux choix que celui que le peuple algérien aura à faire.

Sam Chris

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR