Allégations de «massacres»  à Moura : Les FAMa veulent voir clair elles-mêmes

Allégations de «massacres»  à Moura : Les FAMa veulent voir clair elles-mêmes

La controverse enfle entre l’état-major des Forces armées maliennes et les organisations de défense des droits humains. Au lendemain de l’opération militaire menée du 23 au 31 mars dernier, les versions divergent sur le déroulé des évènements survenus à Moura dans le Centre du pays.

 A l’opposé de l’armée malienne qui brandit un succès jamais engrangé dans la lutte contre le terrorisme (203 terroristes éliminés), l’ONG Human Right Watch (HRW) a rapporté que cette opération militaire de «grande envergure» porte les stigmates de plusieurs exécutions sommaires de civils, viols et de pillages.  Selon ce rapport accablant, plus de 300 civils ont été passés par les armes par les éléments de l’armée malienne appuyés par des supplétifs. Depuis, ces deux versions diamétralement opposées s’affrontent par médias interposés et seule une enquête digne de ce nom pourrait rétablir la vérité des faits sur ce qui est qualifié de «pire massacre causé par les FAMa». Mais là aussi, les avis et positions divergents. Alors que des appels incessants sont lancés pour qu’une enquête indépendante soit diligentée sur cette opération controversée, le gouvernement a dans un premier temps balayé du revers de la main cette hypothèse avant de se résoudre à l’accepter mais selon sa vision.

Face à ces allégations, Bamako avait aussitôt dénoncé une campagne de diabolisation  et de démoralisation des Forces armées maliennes dans leur montée en puissance dans la lutte contre les groupes armés terroristes. Mais la nature et l’échelle des accusations a fini par s’imposer aux autorités maliennes, qui in fine ont accédé au principe d’une enquête qui sera conduite par la gendarmerie. A la suite des «allégations d’exactions présumées commises sur des civils (…), des enquêtes ont été ouvertes par la gendarmerie nationale sur instructions du ministère de la Défense et des Anciens combattants pour mener des investigations approfondies afin de faire toute la lumière sur ces allégations», a écrit dans un communiqué le procureur près du tribunal militaire de Mopti, grande ville proche de Moura.

Ainsi donc, il ne sera pas question que des experts internationaux notamment ceux de la MINUSMA, mettent les pieds sur les sables de Moura. Les investigations seront menées par la gendarmerie. On ne pouvait mieux espérer. Depuis que le Mali est passé aux mains des colonels en mai 2020, le bras de fer né du changement de partenariat dans la lutte contre l’hydre terroriste et les sanctions subies depuis janvier 2021, Bamako est sur la défensive et fait le dos rond face aux critiques des ONG et des capitales occidentales. Les partisans de la ligne dure, argueront qu’il s’agit d’une question de souveraineté nationale, mais Moura pourrait constituer une tache noire et une épine aux pieds de Assimi Goïta et son gouvernement. Pendant combien de temps encore cette carapace que s’est confectionnée la Transition malienne va –t-elle tenir ?

Quels impacts les résultats de cette enquête «nationale» peuvent-ils avoir sur les accusations portées contre les FAMa ? Permettra-t-elle de savoir toute la vérité sur les évènements dont cette ville a été le théâtre du 23 au 31 mai 2022. Voilà autant de questions que soulève cette posture de Bamako .

Davy Richard SEKONE

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