An 75 du débarquement des tirailleurs sénégalais en Provence : Subreptices consolations pour des sacrifices sous camisole

An 75 du débarquement des tirailleurs sénégalais en Provence : Subreptices consolations pour des sacrifices sous camisole

Le 15 août 1944, «un Noir ne pouvait pas commander des Blancs». Mais la mort commandait tout le monde. La coloration noire ou pas n’avait aucune sorte de différence lorsque les balles nazies vrombissaient aux oreilles de ceux qui voulaient libérer une France mise au piloris de l’Allemagne. 55 000 soldats africains, trivialement appelés «tirailleurs» sénégalais, ont donné leurs vies pour remettre en place l’un des importants mots de la devise de la république française. Des hommes qui n’avaient cependant pas le simple droit de s’aligner au même rang que ceux qu’ils venaient (obligatoirement) aider.

Dans les limbes de l’histoire, leur sacrifice a été enseveli par un épais voile généralisant : les forces françaises ont participé à la libération de la France.

Quelle sera la récompense de tels sacrifices, le gel de leurs pensions, qui ne connaîtront une embellie qu’en 2002. Mais la reconnaissance française se manifestera ensuite à dose homéopathique, à la grande amertume des «anciens combattants» et de leur famille. Et de leur continent.

Aujourd’hui, Emmanuel Macron, le président français a tenté de rattraper le coup, avec une cérémonie à eux dédiée. Mais une cérémonie, qui, un mois plus tôt, ne figurait dans aucun agenda présidentiel. Mais c’est mieux que rien, comme on le dirait dans un quartier d’Abidjan. Avec par exemple les annonces du chef de l’Etat français, invitant les bourgmestres français à baptiser des rues françaises au nom d’Africains ayant contribué à libérer la France.

La France a une partie de l’Afrique en elle, a-t-il laissé entendre lors de son discours. En interrompant sa farniente estival pour prendre part à cette commémoration du 75e anniversaire de l’opération ‘’Dragoon’’ de Provence et en y associant les présidents Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire et Alpha Condé de Guinée, le n°1 français rend assurément hommage à ces «nègres» qui ont combattu pour la France, mais surtout pour le monde libre.

Devant l’immense nécropole de Boulouris, le président guinéen n’a pas manqué d’évoquer les réminiscences de ce passé douloureux : près de 125 000 tués africains du Nord, de l’Est et de l’Ouest sur les 250 000 victimes.

Hommages posthumes des uns et des autres, mais qui auraient dû prendre d’autres formes. On ne le répétera jamais assez.

Gestes de consolation qui viennent peut-être en retard. Et qui auraient peut-être été mieux accueillis si les pensions n’avaient pas traversé ces moments de turbulences. Pas que l’argent apportait une quelconque réparation à ces hommes meurtris à jamais dans leur âme et dans leur chair pour un combat qui n’était pas directement le leur. Mais par le message qui se cachait subrepticement derrière. Et qui, à leurs yeux, multipliait par le plus nul des chiffres du langage mathématique, leurs efforts.

Il n’est pas tard pour bien faire. La reconnaissance a ceci de particulier qu’elle se baigne dans une fontaine de jouvence le jour où elle est exprimée à qui la mérite. Car oui, il faut que le fanion «Liberté-égalité-fraternité» ait la même signification partout dans l’univers…

Ahmed BAMBARA

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