An IV insurrection au Burkina :  Qu’avons-nous tiré de cet harmattan politique ?

An IV insurrection au Burkina :  Qu’avons-nous tiré de cet harmattan politique ?

Même si nombreux étaient ceux qui subodoraient une atmosphère de fin de l’interminable règne de Blaise Compaoré, personne n’osait parier qu’en ces 30 et 31 octobre 2014, le deux ex machina du Burkina, de ces trois dernières décennies vivait ses ultimes jours de présidence kosyamienne. Parce que depuis 27 ans, celui qui est rentré petitement dans l’histoire, quoique de façon tonitruante à coup de kalach, le 15 octobre 1987 en enjambant le cadavre de Thomas Sankara a toujours eu la baraka, d’aucuns diront l’intelligence politique et en ces jours sombres, il s’accrochait toujours à sa bonne étoile, convaincu, qu’il s’en sortirait ce coup-ci encore.

Et pourtant pour celui qui a vu les marches de l’opposition courant août, et surtout celle du 28 octobre 2014, aurait su qu’un gros ressort du système Compaoré s’était cassé. A l’exemple du Professeur Abdoulaye Bathily, qui ayant suivi la marche sur une chaîne de télé avait appelé Blaise, pour lui conseiller de faire un rétropédalage. Réponse de l’enfant terrible de Ziniaré : «Je connais mon peuple, il fait ainsi, mais ça n’ira nulle part». Erreur d’appréciation ou entêtements d’un homme qui n’envisageait pas une vie après la présidence ? Engoncé dans ses certitudes de charcutage de l’article 37 de la Constitution, le conseil des ministres du 29 octobre entérina la loi. Et le 30 octobre, vaine tentative des députés (dont ceux du CDP le parti majoritaire qui furent logés dans un hôtel mitoyant au parlement), vain essai donc de voter la loi, puisque l’hémicycle et ledit article furent emportés par un immense incendie allumé par les manifestants.

Plus rien ne pouvait empêcher que le lendemain soit le 31 octobre, jour de la fuite et de l’exfiltration de Blaise Compaoré vers Abidjan par la France. La grandeur de Blaise est d’avoir accepté partir sans faire couler le sang. Il faut lui reconnaitre aussi que la loi fondamentale lui permettait de toiletter l’article crisogène. C’était la fin d’un régime fossilisé, délégitimé, vermoulu. Le printemps arabe avait traversé le Sahel, et s’était transformé en harmattan qui a déboulonné le n°1 burkinabè. Une insurrection qu’on doit au peuple burkinabè dans toutes ses composantes.

4 années après, qu’avons-nous fait de ce mouvement populaire ? politiquement, la Transition de 13 mois, fille de cette insurrection a accouché aussi de nouveaux paradigmes en matière de gouvernance, de redevabilité, de liberté pour les populations. En mettant un terme à 27 ans de régime très présidentialiste, les Burkinabè administraient une leçon de chose politique au monde, car faire tomber «l’homme fort du Burkina» n’était pas tache aisée.

Grâce à la sagesse du président de la transition, Michel Kafando, héritier de cette insurrection, des valeurs cardinales ont été implémentées, et la mentalité des Burkinabè a beaucoup évolué.

Hélas toute médaille ayant son revers, l’insurrection a secrété également le libertinage, la confusion entre démocratie et anarchie, un affaiblissement de l’Etat, et in fine un pouvoir élu, certes, mais qui peine à s’imposer, parasité par les miasmes de cet octobre-Thermidor 2014.

Enfin, de plus en plus de Burkinabè ont l’impression que l’histoire de l’insurrection reste à écrire, car des non-dits, des choses cachées, y compris les Raspoutine du mouvement ne sont pas totalement  connus et que des règlements de compte se font en tapinois. Dernier en date de ce poker menteur, la parution de Témoignages le livre de Yacouba Isaac Zida, l’ex-premier ministre du pouvoir intérimaire, qui a une dent acérée  dans cet ouvrage- réquisitoire contre l’actuel chef de l’Etat Roch Kaboré, et bien d’autres personnalités. L’harmattan burkinabè n’en finit pas d’enrhumer les citoyens et c’est certain que ce sera encore pour un certain temps.

Sam Chris

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR