Appel à la libération de «Soumi» au Mali : Blaise Compaoré, Limam Chafi, Mohamed Akotey où êtes-vous ?

Cellou Dalein Diallo, Zéphirin Diabré, Khalifa Sall, Thierno Monenembo, Morin Yamongbé, Sedik Abba, etc. pour ne citer que ceux-là, ce sont des voix africaines qui comptent, qui tonnent et elles ont retenti pour demander aux ravisseurs de libérer Soumaila Cissé, le Chef de file de l’Opposition malienne, enlevé le 25 mars dernier dans la région de Tombouctou alors qu’il battait campagne pour les législatives, dans des circonstances dignes d’un thriller sahélien, qui hélas a pris la vie de son garde du corps, blessé certains de ses compagnons et lui privant depuis un mois de sa capacité d’aller et venir.

Le ton n’est ni comminatoire, ni véhément, mais la tonalité de l’Appel est sans appel : la situation que vit «Soumi», ne peut qu’émouvoir et révolter tout démocrate, toute personne animée de paix et de justice. Mais cet épistolaire de ces personnalités diverses s’adresse au premier chef, au n°1 malien, Ibrahim Boubacar Kéïta et à ses homologues de la sous-région d’user de leurs réseaux, et de leur poids pour que le 2e personnage politique après le président malien puisse humer l’air de la liberté. Ça n’a que trop duré !

MINUSMA, Barkhane et toutes les forces intervenant dans les dunes de sable sahélo-sahariennes sont interpellées aussi à s’impliquer pour que le président de l’URD soit relâché. «Imagine-t-on le patron de la majorité présidentielle être détenu par des ravisseurs sans que le pouvoir réagisse ?», s’est enquis furieux Mamadou Konaté, ex-garde des sceaux du Mali, qui trouve que le pouvoir malien n’en fait pas assez pour faire libérer Soumaila Cissé.

Qui d’ailleurs a enlevé le patron de l’Opposition malienne ? Quelles sont leurs motivations ? Que veulent-ils ? Où se trouve Soumaila Cissé ? Réclament-ils une rançon ou un échange de prisonniers ? Comment se porte actuellement l’intéressé ?

Un rapt et moult questions, quand on sait que dès le lendemain de l’enlèvement et les jours qui ont suivi, le ministre malien des Affaires étrangères, Tiébélé Dramé avait laissé croire qu’on savait à peu près qui étaient les ravisseurs, et que l’Etat manœuvrait en coulisses, à travers la diplomatie souterraine, comme en pareille circonstance, pour faire libérer le célèbre prisonnier. Depuis lors, on nage dans du surplace si ce n’est un recul, à partir du moment où on ne sait même plus où et dans quel état se trouve l’otage Soumaïla Cissé.

Comme Orphée en enfer, ces voix de politiques, d’écrivains, de journalistes  et de compagnons idéologiques, de Cissé, indexent, titillent et souhaitent ni plus ni moins qu’il y ait des négociateurs si ceux-ci ne sont pas déjà en action.

On est alors tenté de s’écrier : Blaise Compaoré où es-tu ? Moustapha Limam Chafi au secours ! Mohamed Akotey, viens ! Ce sont autant de noms liés à des négociations  avec des chefs de katibas pour des libérations d’otages, au temps fort où les enlèvements d’Européens étaient un lucratif fonds de commerce des terroristes.

Oui, il manque certaines pièces dans le puzzle insécuritaire sahélien. Notamment les «Go between», ces intermédiaires, qui quoi qu’on dise sont utiles en temps de guerre, comme en temps de paix. Surtout dans ce Sahel brûlant le jour et à la froideur mordante la nuit, et où derrière chaque dune de sable semblent trôner les maîtres de l’ombre. Comment comprendre qu’une personnalité telle Soumaila Cissé puisse être enlevé, qui plus est dans les encablures de son Niafounké natal, et que 30 jours après, il soit toujours prisonnier ? Quelque part, il y a soit du dilettantisme, soit de l’incompétence ou carrément de la mauvaise foi. Espérons que ces voix de stentor qui ont résonné changeront la donne et fissa car c’est tout simplement scandaleux .

Pélagie OUEDRAOGO