Appel de Fatou Bensouda devant la CPI : Présidentielle 2020 en pointillé pour Gbagbo ?

Appel de Fatou Bensouda devant la CPI : Présidentielle 2020 en pointillé pour Gbagbo ?

Ce que craignaient les partisans de Laurent Koudou Gbagbo  a finalement eu lieu. Fatou Bensouda a fait appel de la décision de la Cour pénale internationale d’acquitter le leader du FPI et le fer de lance des jeunes patriotes, Charles Blé Goudé. Cet appel relance tout.

Ou presque. Car, à tout le moins, une longue procédure s’ouvre nouveau pendant laquelle la Procureure va détailler ses arguments suivis du tour de Laurent Gbagbo et de Blé Goudé. Il ne s’agira plus d’éplucher les 30 000 documents à charge, ni d’entendre de nouveau les 82 témoins, mais la Chambre d’appel devra encore réexaminer les motifs, disons tout ce qui pourrait de nouveau envoyer les deux reprouvés à la CPI.

En effet, la Procureure a affirmé que les juges de la CPI ne devraient pas prononcer un acquittement, qui lave de tout soupçon les  accusés, et auraient dû prononcer un non-lieu qui ne les blanchit pas de la paternité potentielle des crimes qui ont été commis en Côte d’Ivoire. Car es crimes ont été commis dans cette Eburnie torturée des années 2011 et il est tout à fait logique que des coupables soient trouvés. Il faut dire que la teigneuse Thémis de Scheveningen ne veut pas lâcher prise, fouettée par son amour-propre, ou son intime conviction que les 2 sont coupables ?

En tous les cas, avec les cas Gbagbo et Bemba, Bensouda sait qu’elle joue la crédibilité de la juridiction supranationale. Avec Gbagbo, on a de plus en plus la vague impression qu’on l’a envoyé à La Haye, avant de chercher les preuves pour le condamner. Tous les signataires du statut de Rome sont d’ailleurs interpellés sur la jurisprudence Gbagbo.

Les feuilles de l’optimisme, qui étaient au vert après le prononcé de l’acquittement des deux leaders politiques, sont donc renfrognées, racornies par des perspectives qui ne s’annoncent pas des plus roses pour Laurent Gbagbo et Blé Gouda.

.

D’abord, il est désormais établi que l’impossibilité de se mouvoir hors des territoires où ils sont actuellement assignés va perdurer.  Une prison qui ne dit pas son nom et donne un goût fade à cette désagréable sensation d’être à la fois libre et de ne pas pouvoir en profiter. Cette situation est bien plus cruelle.

Ensuite, du côté de la Lagune Ebrié où nagent dans la mare politique les acteurs et les artisans de la présidentielle de 2020, ces informations risquent d’être accueillies d’une manière ou d’une autre. Assurément, dans le camp du FPI, et plus précisément dans celui du PDCI-RDA, cette nouvelle a dû faire l’effet d’une douche froide. Et la situation est d’autant plus cruellement ironique que le couperet tombe juste au lendemain d’une démonstration de force politique et d’un meeting historique qui a scellé l’union de deux frères qui ne fumaient jadis pas la même pipe.

Que deviendra la coalition  projetée par Henri Konan Bédié, et qui devrait l’unir à Guillaume  Soro et Laurent Gbagbo pour faire front contre Alassane Ouattara, si le Woody de Mama n’arrive pas à revenir à « Baby » ? Oui, Laurent Gbagbo peut continuer à donner des directives loin de son pays natal, mais l’effet ne sera certainement pas le même que s’il foulait le sol de son territoire de naissance. Henri Konan Bédié devra revoir ses plans. A moins qu’il n’en ait déjà tenu compte dans ses projections. Pour le moment, rien de changé dans la situation des 2 élargis partiels, Gbagbo demeure à Bruxelles, et son «ex-ministre de la rue» aux Pays-Bas.

En attendant, on doit se frotter les mains dans les coulisses du RHDP. Laurent Gbagbo loin est toujours «dangereux», mais pas autant que s’il lançait son inénarrable rire depuis Yopougon.

De tout ceci souffle un air de requiem pour la présidentielle de 2020 dans le camp de la coalition. Même si rien n’est encore totalement joué…

Ahmed BAMBARA

COMMENTAIRES

WORDPRESS: 0
Aujourd'hui au Faso

GRATUIT
VOIR