Une rébellion du M23 qui, après la prise de Goma, est à 60 km de Kavumu, le principal aéroport du Sud-Kivu et de Bukavu, le chef-lieu de cette région. Décidément, ce n’est plus une histoire de rwandophones qu’on veut préserver au Nord-Kivu, mais bien une guerre d’expansion voire d’annexion. La rébellion du M23 a décidé de tailler largement dans les croupières de la RD Congo via une guerre de l’usure qui a pris des allures de Blitzkrieg ces dernières semaines ! A l’évidence, l’ambassadeur itinérant Karega, avait dit juste, à l’évidence, le locataire haut de forme d’Urugwiro village de Kigali a décidé de faire la guerre à la RD Congo.
Gesticulations et condamnations de principe de la Communauté internationale n’y feront rien. Même si la région s’apprête à une extension des combats, à l’image de la SADC dont le conclave de Harare n’a pu accoucher que du seul constat car au rythme où vont les choses, ou plutôt où va la marche guerrière du M23 sur la capitale du Sud-Kivu, «une régionalisation de la guerre», est quasi-sûre !
Conclusion du président burundais, Evariste Ndayishimiye, dont l’interpellation de la Communauté internationale est un cri de détresse, et une mise en garde, car il sait de quoi il parle, militaire, il connaît le phénomène. Sur la photo de famille à Harare, on voit les 6 présidents dont Cyril Ramaphosa de la République sud-africaine, Evariste Ndayishimiye du Burundi, bien sûr l’hôte de ce sommet extraordinaire de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), Emmerson Mnangagwa du Zimbabwe, tous affichaient des sourires de circonstance, mais savaient que l’heure est gravissime ! C’est la guerre dans la région, signe d’instabilité, de victimes, de catastrophes humanitaires !
Excepté le soutien à la RD Congo, et le constat de l’escalade dans l’Est de la RDC, c’est à une véritable insigne d’impuissance à laquelle fait face la SADC au regard du contexte qui prévaut au Nord-Kivu, et peut être bientôt au Sud.
Le Burundi est en alerte maximale, l’Afrique du Sud veut retirer ses soldats de la mission de la SADC (SAMIRDRC), après la mort de 13 des leurs, et une algarade verbale entre Ramaphosa et Kagame ne présage rien de bon.
Le général burundais et président de ce pays a été limpide, à cette allure, c’est son pays qui sera attaqué, et si la SADC décide d’envoyer leurs ministres de la Défense et leurs chefs d’état-major pour «sécuriser» la SAMIRDRC, on se demande comment car sur le terrain de l’Est de ce pays, c’est le M23 et les Forces de défense rwandaises (RDF) qui ont pignon sur rues et quartiers de Goma !
Et même la réunion conjointe SADC-EAC projetée, n’apportera pas grand-chose, si la Communauté internationale n’applique pas la consigne de 2013 qui avait obligé le même M23, dans la même position à dégager.
La RD Congo sembler seule à se débattre, avec son président lequel a revêtu, il faut le déplorer l’habit de chef de guerre, en retard. En ordonnant la réduction du train de vie de l’Etat, ce 31 janvier, il agit dans le bon sens, mais n’est-ce pas trop tard ? Et sa sortie le jeudi 30 janvier 2025, pour sonner le rassemblement de tous les Congolais, est de bon augure, mais vient après la chute de Goma, et la réelle menace sur Bukavu.
Le M23, soutenu selon plusieurs sources par 3 000 à 4 000 RDF de Kigali sont pour le moment victorieux, et ne font pas mystère d’une marche sur Kinshasa. Le sac d’ambassades occidentales et africaines dans la capitale congolaise survenu la semaine dernière, pour protester contre la posture timorée, voire la complicité tacite de la Communauté internationale, ce geste contre les emprises diplomatiques n’est pas la solution. Comparer l’Est du Congo à l’Ukraine ou à Gaza, ça fait bien, ça fait casuistique, mais la realpolitik se moque éperdument de ces parallèles. «La gâchette de l’Afrique» comme l’appelait Frantz Fanon, s’est mise à cracher du feu, sous les coups du M23. Qui pour la déculasser, au risque d’embraser la sous-région ?
Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA
COMMENTAIRES