Après la levée de son immunité : Kabila brise le silence et porte un uppercut

Après la levée de son immunité : Kabila brise le silence et porte un uppercut

 

 

6 longues années que Joseph Kabila s’était claquemuré dans un silence conservatoire. En fait, depuis sa perte du pouvoir, il s’était astreint à une réserve de la parole, malgré certaines occasions. Ce 24 mai 2025, Joseph Kabila a brisé ce silence. Drapé dans son costume bleu nuit, cravate de même couleur, le débit posé, les mots ont été choisis, discours d’un homme d’Etat.

C’est dans la peau du rédempteur dont a besoin le peuple congolais que Kabila s’est glissé évidemment, on sent un peu la moutarde lui monter au nez après cette levée de son immunité par le Sénat la veille, mais ce qui semble constant et rédhibitoire et qui a traversé de part en part son grand oral de 45 mn est que son legs politique, économique et sécuritaire a été vendangé par son remplaçant. Et derechef il faut restaurer ces acquis.

Il renâcle également à être mis dans un angle mort pour les négociations en vue d’un retour à la paix dans l’Est de la RD Congo. Tout en apportant son soutien aux missi dominici ecclésiaux (évêques et pasteurs).  Pour le silence des armes à Goma et Bukavu, il y a Doha et l’UA, qui sont pour Kabila des médiateurs extramuros, par contre celle menée par la CENCO et l’ECC trouve grâce à ses yeux, et il privilégie plutôt la solution endogène dont lui évidemment fait partie, voici un des motifs qui horripile Kabila.

Curieux tout de même que Kabila Junior ne dédaigne pas évoquer, à défaut de demander pardon à ses compatriotes pour les fautes et exactions commises lors de ses 18 ans de règne en particulier, pendant le «glissement» et sa recherche effrénée du 3e mandat.

1) Première impression donc : c’est un Kabila qui ronge son frein de revenir «prendre sa chose» qu’il n’aurait jamais dû céder, le pouvoir, grâce d’ailleurs à un deal politique dont il a évoqué de façon allusive et dont il promet d’en dévoiler le contenu.

2) Deuxième grille de lecture, son retour annoncé par Goma, dévoilé depuis plusieurs semaines dans un média sud-africain et réitéré ce samedi 24 mai lors de sa sortie. Un retour d’accord, mais pourquoi cette insistance presque obsessionnelle qu’il rentrera en RD Congo par … Goma où l’AFC-M23 a installé ses pénates à coups de fusils ? Pourquoi vouloir signer ce come-back, là où il y a une partition de fait du pays ? D’autant qu’il est accusé par Kinshasa d’être le vrai chef de ce mouvement politico-militaire ! Kabila brandit-il un épais écran de fumée ou est-il vraiment de mèche avec l’AFC-M23 ? En temps normal, n’importe quel Congolais peut opter de venir au pays par Goma. Mais dans le contexte actuel et vu lui son statut, ça confine à de la provocation à minima.

3) Enfin, derrière toutes ces gesticulations en RD Congo, c’est une guerre que mènent 2 hommes qui se connaissent, qui ont même fait affaire politique, si l’on s’en tient aux bribes d’info sur l’Accord politique de 2020, deux hommes qui se positionnent pour la prochaine présidentielle de décembre 2028 : Tshisekedi et Kabila.

En qualifiant dans ses propos la gouvernance actuelle de «dictature» Kabila se pose en solution, en alternative pour 2028. Et il est prêt pour l’affrontement politique et même …plus ? Et ce n’est pas une hypothèse d’école, dance cette RD Congo où les tensions sont palpables, et au regard de scénarios cauchemardesques dans le passé (Jean-Pierre Bemba avait pris les armes contre le même Kabila en 2006 après la présidentielle), on ne sait pas si le sénateur Martin Lundundula et ses 39 collègues ont bien jaugé l’impact de la levée de l’immunité de Kabila. Quand on constate par exemple que l’opposition est mise à l’écart et l’on discute avec celle armée, il faut craindre que ces opposants ne s’alignent derrière Kabila-fils contre Tshisekedi ! La bataille pour le palais de la Nation va vraisemblablement avoir lieu .

La REDACTION

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