Après les Français, les Boys américains priés de faire leurs paquetages au Niger : Jusqu’où ira le CNSP dans son souverainisme à tout crin ?

Après les Français, les Boys américains priés de faire leurs paquetages au Niger : Jusqu’où ira le CNSP dans son souverainisme à tout crin ?

Le gouvernement nigérien a pris une décision sans précédent, ce samedi 16 mars dernier, en dénonçant «avec effet immédiat» l’accord de coopération militaire avec les États-Unis.

 Cette décision survient peu après le départ d’une délégation américaine de haut niveau menée par la secrétaire d’État adjointe aux Affaires africaines, Molly Phee (avec le chef de l’Africom) qui avait échoué à avoir une audience avec le chef de l’Etat nigérien. D’ailleurs, selon le porte-parole du gouvernement nigérien, «l’arrivée de la délégation américaine n’a pas respecté les usages diplomatiques», a expliqué Amadou Abdramane, assurant que le gouvernement américain a informé Niamey de «façon unilatérale» de sa date d’arrivée et de la composition de sa délégation. L’histoire de ce divorce n’a peut-être pas encore livré tous ses secrets, mais on sait que si l’Amérique est restée au Niger après le coup d’Etat du 26 juillet 2023, et même a mis du temps avant de reconnaître ce changement de l’ordre constitutionnel, l’Administration de Washington reste arc-boutée à un retour à l’Etat de droit sujet tabou et zone rouge pour les militaires du CNSP, pour lesquels, les élections sont comme leurs premiers pataugas en tant que conscrits.

Puis, il y a le rapprochement du Niger avec l’Iran qui horripile les USA. Le régime des Mollah aide le Niger dans l’énergie et est aussi intéressé par l’uranium du pays.

Evidemment, il y a les Russes, qui n’admettent pas la polygamie en matière sécuritaire, donc 3 sources de ce divorce annoncé avec «effet immédiat», car il y a Wagner qui a pris pied au Sahel, donc qui taille dans les croupières des USA, dont la base militaire du Niger est la 2e au monde après Djibouti. Une position sahélienne qui leur permettait de surveiller la zone, et même au-delà. C’est dire si cette visite de Molly Phee qui n’aurait pas respecté les «usages diplomatiques» a été un bon prétexte pour les autorités nigériennes de rendre publique cette décision de dénonciation qui serait déjà dans les tuyaux. Rien ne dit que les Américains n’étaient déjà au parfum de cette décision et auraient voulu empêcher son officialisation en dépêchant Molly Phee et le commandant de Africom sur Niamey. Las, les militaires au pouvoir ont décidé d’aller jusqu’au bout. Il faut dire que l’accord en question, datant de 2012, concernait le statut du personnel militaire des États-Unis et des employés civils du département américain de la Défense sur le territoire du Niger. Cependant, le régime militaire au pouvoir a estimé que cet accord ne servait plus les intérêts du peuple nigérien. «Le gouvernement du Niger, prenant en compte les aspirations et les intérêts de son peuple, décide en toute responsabilité de dénoncer avec effet immédiat l’accord relatif au statut du personnel militaire des États-Unis et des employés civils du département américain de la Défense sur le territoire du Niger», a indiqué Amadou Abdramane, le porte-parole du gouvernement nigérien, dans un communiqué lu samedi soir à la télévision nationale. Dans ce communiqué, Amadou Abdramane précise que la présence militaire américaine est illégale et viole toutes les règles constitutionnelles et démocratiques. On sursaute tout de même quand on entend les vocables «règles constitutionnelles et démocratiques» sorties de la bouche du Cl. Amadou Abdramane , le porte -parole du CNSP. Justement, c’est pour insuffisance de résultat, en matière de coopération sécuritaire (refus de partager des infos recueillies par les drones) et surtout pour implantation «injuste et unilatérale» que le Niger a coupé ce cordon militaire, basée sur une simple note verbale selon le CNSP.

Ici encore, si on peut être d’accord avec le général Tiani et ses camarades d’armes que le Niger est un pays souverain et coopère avec qui il veut, affirmer que cette présence militaire forte de 1 100 hommes au Niger avec un QG de drones à Agadez est adossée à une simple note verbale, fait au mieux sourire, au plus provoque un haussement d’épaules, car les Américains sont au Niger depuis des années, et c’est seulement ce 16 mars qu’on s’est rendu compte que la base juridique de cette… base militaire est une note verbale ! Et même si c’est le cas, les autorités déchues l’avaient accepté, le CNSP aussi depuis 8 mois ! Là mon général Tiani, on ne comprend pas trop !

En tout cas, tout semble trop tard même si le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, affiche un grain d’espoir en faisant savoir que Washington avait pris connaissance du communiqué du CNSP et qu’il faisait suite à des «discussions franches sur nos préoccupations» concernant la «trajectoire» du régime en place. Puis il a ajouté que les États-Unis sont toujours en contact avec les autorités nigériennes et fourniront de nouvelles informations «si nécessaire». Autant dire que les USA espèrent toujours retourner la situation.

Tâchons que Niamey a bien pris toute la mesure de sa décision. On le sait, depuis que le pays de Hamani Diori a un destin croisé avec le Mali et le Burkina Faso, ses nouveaux dirigeants durcissent le ton diplomatique avec tous ceux qui ne veulent pas s’accommoder avec la nouvelle géopolitique. Mieux, ils sont davantage ragaillardis depuis qu’ils ont commencé à scruter le ciel russe. Comme on dit, on ne saurait mobiliser quelqu’un qu’autour de ses intérêts et si le Niger a décidé de renforcer ses liens avec la Russie et l’Iran au détriment des Américains et aussi des Occidentaux de façon générale, on ne ferait pas injure aux autorités qu’elles n’ont pas pesé le pour et le contre. Dans un contexte où le Niger fait face à des défis sécuritaires majeurs, notamment la lutte contre le terrorisme et l’insécurité dans la région du Sahel, tout comme la France avait été reprochée de n’avoir pas fait suffisamment pour réduire la voilure des terroristes malgré l’armada militaire qu’elle avait y déployée au Niger, les Etats-Unis semblent avoir été victimes des résultats malgré sa base de drones à Agadez pour contenir les assauts terroristes dans le pays. Pour l’heure, il reste à voir comment cette rupture de coopération affectera les opérations conjointes et la sécurité dans le Sahel notamment avec Africom. Jusqu’où ira le Niger dans son souverainisme à tout crin ? Les soldats américains vont-ils prendre la route des USA, ou comme le laisse croire Matthew Miller, le lien sécuritaire avec le Niger n’est pas totalement cassé ?

La REDACTION

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