«Arrangement» ou vrai coup d’Etat au Gabon ??!! : Fin de la monarchie Bongo vieille de 55 ans !

«Arrangement» ou vrai coup d’Etat au Gabon ??!! : Fin de la monarchie Bongo vieille de 55 ans !

 D’aucuns reniflent un «coup d’Etat arrangé » entre le clan Bongo et le général Oligui, fidèle de la famille présidentielle depuis le pater familia. Vrai-faux coup d’Etat pour ne pas avoir à proclamer l’opposant Albert Ondo Ossa, vainqueur de la présidentielle du 26 août ? Si c’est vrai, peut-être que le vrai coup d’Etat reste à venir, car le général Oligui se retrouvera bientôt face à des dilemmes parce qu’il faudra choisir entre le peuple et les intérêts de ses marionnettistes. Partons du postulat et du constat que c’est un vrai putsch !

Snobant avec la logique biologique (séquelles de l’AVC) et celle politique (55 ans de Bongoïsme) legs de son patriarche de président Ali Bongo Ondimba (ABO) a fini par être emporté par celle des armes. Après le vrai-faux coup d’Etat de 2016, voici le réel putsch du 30 août 2023 qui met fin à la monarchie Bongo vieille de 55 ans. 5e coup d’Etat depuis 2020 en Afrique francophone.

Comme au Niger, c’est celui-là même chargé de veiller à la sécurité d’ABO, qui l’a déposé : voici venus les jours du général Brice Oligui Nguema, lequel avec ses hommes n’ont pas pu avaler les résultats de la mascarade électorale proclamés à 4 heures de mat.

C’est le 1er coup d’Etat réussi au Gabon, ce petit rafiot pétrolier de l’Afrique centrale, cadeauté par Dame-Nature, mais dont l’indigence de la classe politique est inversement proportionnelle à l’or noir qui a coulé à flot dans les poches d’une famille et d’un clan.

Exit celui que ses compatriotes appellent «Zeus». Fallait-il s’attendre à ce qu’on dépose le légataire de la fratrie Bongo ? Oui, car depuis 2016, année de la dernière présidentielle calamiteuse et violente, le Gabon vit politiquement mal, avec un Jean Ping qui n’a jamais accepté sa défaite. En 2009 également, avec André M’ba Obame, ABO n’a manifestement pas gagné. Pire, l’AVC du désormais ex-locataire du palais de bord de mer a révélé le système qui dirige le Gabon depuis 5 décennies, celui digne d’une camarilla mafieuse. Prémonitoire, les propos de Macron le 28 août dernier à la conférence des ambassadeurs à Paris, lorsqu’il martelait en substance que si l’on ne sauve pas le président Bazoum du Niger, l’effet domino va emporter beaucoup de chefs d’Etat de la sous-région ?

Affirmatif, même si le premier des dominos est Bongo, loin de l’Afrique de l’Ouest, mais dans un pays qui est un ex-précarré français. Convenons-en, ABO ne pouvait pas échapper à ce jour fatidique : les élections truquées et tronquées du 26 août dernier au Gabon, scrutin pacotille et trompe-l’œil, et dont les résultats fabriqués à l’abri des observateurs, des médias et de l’opposition, ont proclamé encore Bongo-fils gagnant, ces votes ont fini par ras-le-boliser les populations et surtout les militaires qui ont décidé de prendre leurs responsabilités. ABO a beau s’exprimer depuis son lieu de résidence surveillée (en cela, le général Brice Oligui Nguema et ses co-putschistes sont bons princes par rapport à leurs frères d’armes du Niger qui ont enfermé Bazoum dans un donjon), ABO peut donc appeler au secours, personne ne viendra le sauver. Et les propos de son challenger, le prof. Albert Ondo Ossa, qui disait il y a 72 heures que s’il croit que l’armée est avec lui, il se trompe, s’avèrent rétrospectivement comme un avertissement à peu de frais. Son parti, le PDG est sonné. Des condamnations de principe seront faites, c’est tout.

Les Gabonais et de nombreux Africains trouvaient pitoyable cette image d’un ABO, dandinant pour rentrer au 10 Downing Street. ABO, c’est fini, et les Gabonais espèrent vraiment qu’une vieille page jaunie par le temps vient d’être tournée.

55 ans de Bongoïsme, ça suffit ! Tel est le message bruyant que la soldatesque a voulu faire passer au Gabon ce 30 août 2023.  Mais, en lame de fond, se pose la problématique des mœurs politiques en Afrique. La démocratie rousseauiste est-elle en osmose avec les résultats, et la géopolitique actuelle ? Les élections fussent-elles transparentes, font-elles l’affaire des Africains ?

Car IBK au Mali, Roch Kaboré au Burkina, Mohamed Bazoum au Niger ont bien été élus démocratiquement.

A chaud, les premières leçons de ce coup d’Etat en live ou de cette révolution de palais au Gabon avec des militaires et des populations qui fraternisent sont :

1) Le retour des militaires sous les lambris dorés des palais présidentiels va aller crescendo, avec des putschs 2.0 dont le bréviaire pourrait servir de manuel des coups d’Etat contemporains.

2) Sale temps pour les «fils de …» et ceux qui s’accrochent au pouvoir via des mandats indus et forcément de trop.

3) Le mirage démocratique instauré depuis des décennies devra être revu de fond en comble.

4) Il y a un changement de paradigme irréversible en Afrique et dont il faudra suivre le cours qui est loin d’être rectiligne, voulu et assumé par une jeunesse de Ouaga, Bamako, Dakar, Niamey, … laquelle jeunesse revendique une démocratisation qui ne viendra plus de la Baulle. Cette 5e saga des prétoriens après celles des années 70, 80, 90 et 2000, apportera quoi de nouveau ? C’est la grande question. En attendant, le sommet de l’Etat du Gabon tombe sous le camouflage militaire. A qui le tour en Afrique centrale ou de l’Ouest ?

 Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA

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