Arrestation d’Ahmad Ahmad à Paris : Dérives autoritaires, contrats juteux…  le patron de la CAF sent le soufre

Arrestation d’Ahmad Ahmad à Paris : Dérives autoritaires, contrats juteux…  le patron de la CAF sent le soufre

Après le scandale lié à la finale de Ligue des champions, le football africain affronte une nouvelle tempête. Hier jeudi 6 juin, le président de la Confédération africaine de football (CAF) Ahmad Ahmad, a été interpellé à Paris. Le Malgache qui était dans la capitale française à l’occasion du congrès de la FIFA a été entendu par les services de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales. Un contrat de sponsoring rompu par la CAF serait la cause. A quelques jours de l’ouverture de la Coupe d’Afrique des nations, le football africain s’en serait bien passé.

Ce n’est pas la première fois que le nom d’Ahmad est associé à des scandales. Moussa Bility, le président de la Fédération libérienne de football avait ouvert la boîte à gifles au moment d’annoncer sa démission du comité d’urgence de la CAF.  «Je pense que nous sommes dans une situation pire qu’il y a deux ans», avait-il affirmé en février 2019. L’ex-membre du comité exécutif de la CAF accusait son président d’abus de pouvoir. «L’ironie dans tout ça, c’est que c’est la raison pour laquelle nous nous sommes battus pour que les choses changent». Face à ce qu’il qualifie de caprices d’un président qui est en train de diriger l’institution dans la mauvaise direction, le Libérien a purement et simplement déclaré son incapacité à poursuivre son engagement. Nous sommes en février 2019.

En avril, deux mois après, le successeur d’Hayatou faisait l’objet d’une plainte pour corruption, détournement de fonds à titre personnel et… harcèlement sexuel. Des informations divulguées par l’agence de presse britannique Reuters.

  

Ahmad trahi par son bras droit

Pas un jour ne passe sans charrier de nouvelles révélations sur un système de pots-de-vin et corruption au sein de l’instance où Hayatou a été «chassé» par le clan Ahmad, balayant d’un revers de la main plusieurs de ses acquis. La preuve, plusieurs contrats et partenariats signés sous le règne du Camerounais ont été rompus. Comme par vengeance, Ahmad retire l’organisation de la CAN 2017 au Cameroun de Hayatou, qui lui avait retiré celle de la CAN U17 à Madagascar pour l’offrir au Gabon. Mais c’est dans son propre camp que la révolte a sonné puisque Ahmad a été lâché par son secrétaire général. L’Egyptien Amr Fahmy a en effet envoyé des documents confidentiels à la FIFA fin mars, dénonçant les agissements de son patron. Tombés dans les mains de nos confrères de la Voix du foot africain, ces derniers ont fait ressortir que le président de la CAF a effectué des achats d’automobiles au Caire et à Madagascar jusqu’à 400 000 dollars (220 millions de francs CFA). Sans oublier la facture en équipements pour le CHAN 2018 via la société steel (qui appartiendrait à Ahmad) à hauteur de 830 000 dollars (456 millions de francs CFA). On parle aussi d’un règlement de 20 000 dollars (11 millions) à chaque président de fédération pour ses propres besoins. A cela s’ajoute des accusations d’harcèlement sexuel portés par 4 femmes. L’auteur du séisme (Amr Fahmy) lui, a tout simplement été limogé à la suite de la fuite de ces documents.

Mercredi lors du congrès de la CAF à Paris avant son interpellation, l’instance africaine a décidé de la reprise de la finale de la Ligue des champions CAF entre l’Espérance de Tunis et le Wydad de Casablanca. Pour les Tunisiens, c’est le Wydad Casablanca du Maroc qui devait être sanctionné pour avoir refusé de poursuivre la partie après que l’arbitre ait refusé leur but égalisateur. Cette décision serait politique car de nombreuses photos et vidéos circulent sur les réseaux sociaux montrant Ahmad présentant ses hommages au Roi du Maroc. Pour la presse sportive tunisienne, «la corruption a désormais un nom à la CAF : Ahmad Ahmad». Elle qualifie Ahmad d’ami de longue date du Maroc où il possède une résidence. Des accusations faites 24h avant son interpellation à Paris. Simple coïncidence ?

Des présidents de fédérations africaines dans le tsunami ?

L’affaire Ahmad a pris une nouvelle ampleur hier après-midi après un communiqué de la FIFA sur son site officiel. L’instance mondiale a dit «prendre note» de l’interrogatoire du président de la CAF par la police française. Plaidant la méconnaissance des détails de cette investigation, l’instance dirigée par Gianni Infantino demande aux autorités françaises de lui transmettre «toute information susceptible d’être pertinente pour les enquêtes de sa commission d’éthique». En un mot comme en mille, le président de la CAF se trouve dans une situation très inconfortable. On peut lui concéder la présomption d’innocence, mais les faits sont là. Tourbillonné par l’orgasme d’un pouvoir qui lui est tombé entre les mains au détour de quelques circonstances favorables, Ahmad voit depuis hier jeudi 6 juin, ses rêves de grandeur se briser. On ne sort pas indemne de la machine judiciaire.

La question qui taraude bon nombre sur le contiennent est celle de savoir si la vague en vue à l’horizon de l’ile Malgache n’emportera pas les présidents de fédérations africaines, devenus pour la plupart, des « nouveaux riches » comme les appelait Norbert Zongo. Reproché d’avoir annulé une commande avec Puma pour un autre nettement plus cher, Ahmad s’est défendu en rétorquant que la décision émane du comité exécutif. Une ligne en défense suffisante pour troubler le sommeil des membres du comité.

Hamed JUNIOR

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