Arrestation de Félicien Kabuga en France : Les fantômes des mille fosses communes rattrapent le «Eichmann» rwandais

Arrestation de Félicien Kabuga en France : Les fantômes des mille fosses communes rattrapent le «Eichmann» rwandais

Fin de parcours pour Félicien Kabuga longtemps recherché par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Il aura passé 23 longues années à se cacher, à fuir, à changer de pays de résidence (Congo-Brazza, Kenya, Belgique, France …) nanti qu’il est, il avait toujours réussi à passer les mailles de la justice internationale, qui le recherchait justement, pour l’usage morbide dont il a fait de sa fortune et de ses réseaux pour armer et financer l’un des plus grands holocauste du 20e siècle au Rwanda.

Sitôt l’avion du président Juvénal Habyarimana abattu en ce mercredi 6 avril 1994, depuis la colline de Massaka, Félicien Kabuga fut l’un de ceux qui ont poussé à cette furie aveugle qui a ôté la vie à 800 mille Tutsis et Hutus modérés.

Achat et distribution de machettes, d’armes, de munitions et d’uniformes aux Interahamwe, incitations aux meurtres sur les ondes de la radio-télévision Mille Collines, collecte de «fonds» pour cette œuvre funeste, bref, Félicien Kabuga fut un grand criminel, il est au Rwanda ce que Adolf Eichmann fut en Allemagne ou Pol Pot au Cambodge.

La capture de ce monstre humain âgé aujourd’hui de 84 ans, on la doit au travail de bénédictin du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPRC) cofondé en 2001 par Alain Gauthier et son épouse franco-rwandaise Dafroza, rescapée du pogrom. Mais aussi à l’opiniâtreté d’autres organisations, telles Ibuka-France, Survie …

Mais également à Emmanuel Macron qui en 2019, a déclassifié les archives françaises sur le Rwanda entre 1990 et 1994, a mis en place une commission d’Historiens et des moyens judiciaires pour la poursuite des génocidaires. Ce n’est pas rien ! La tonalité de toutes ces associations qui luttent pour les victimes rwandaises est unanime : l’arrestation de ce financier du génocide du Rwanda est un grand pas dans le lutte contre l’impunité, dont jouissent toujours, bon nombre de génocidaires, 26 ans après cet innommable.

Une arrestation qui met du baume au cœur des parents des victimes, mais dont la soif reste inextinguible de par le nombre de génocidaires qui courent toujours, et surtout qui se la coulent douce, en Europe et surtout en France !

Ainsi si Augustin Bizimana, et Mpiranyan deux du trio génocidaire (avec Kabuga), si les deux sont toujours dans la nature sans qu’on ne sache où ils se terrent, par contre des génocidaires notoirement connus vivent tranquillement en France, ce qui horripile les droits-de-l’hommistes, et surtout la Commission nationale de lutte contre le génocide (CNLG), qui espère qu’à la suite du financier-boucher de Kabuga, d’autres tombent dans l’escarcelle judiciaire.

Notamment la nébuleuse «Akazu», qu’avait aggloméré Agathe Kanziga la veuve de Juvénal, un groupuscule proche du pouvoir hutu, assimilé à un escadron de la mort. Ou encore Hyacinthe Nsengiywmwa Rakifi, ex-ministre sous Juvénal. Alors après Félicien, à qui le tour d’être alpagué ?

En effet, que ce soit la CPRC ou la Commission nationale de lutte contre le génocide ou même certains rescapés à titre individuel, chacun interpelle la France, voire l’accuse à mots clairs d’offrir le gîte et le couvert à ces génocidaires.

A preuve, selon eux depuis la vingtaine d’année, sur les 30 cas répertoriés de génocidaires vivants en France et ayant fait l’objet d’info judiciaires, seules 3 ont été condamnés, et de nombreux non-lieux, prononcés.

Si pour beaucoup la France, pays des droits de l’homme, s’avère un ciel clément pour les génocidaires, est-ce pour autant que la justice se montre bienveillante à leur égard ?

Que nenni ! Répond un pandore français, commis à la traque de ces criminels rwandais,  car dira-t-il en substance, il n’est pas aisé d’arrêter des gens très mobiles, qui changent d’identité et qui ont des ressources.

Pour en revenir à Kabuga, ce ne sont pas les Gacaca, ces tribunaux de la justice transitionnelle au Rwanda qui l’attendent, mais avec les 7 chefs d’inculpation qui pendent sur sa tête, (accusation de génocide, complicité à commettre le génocide, de persécution et d’extermination entre autres) c’est soit le TPIR ou la CPI, après le passage de l’incriminé devant la Chambre des mises en accusation à Paris. L’heure du châtiment sonne donc pour cet octogénaire qui a pataugé dans des crimes abjects .

La REDACTION

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