A peine un mois après la chute de son aîné de président, le glaive judiciaire n’a pas tardé à tomber sur la tête de l’autre Boutef : Saïd. Et il n’est pas le seul à goûter à l’infortune de ceux qui perdent le pouvoir : deux généraux Athmane Tartag et Mohamed Mediene prenaient également un ticket aller simple pour la prison militaire de Blida hier, dimanche 5 mai 2019.
Assurement, le général Gaïd Salah a tenu parole et a mis ses menaces et promesses à exécution : l’opération «Mains propres» est en branle et a déjà emporté le patron des patrons, Ali Hadad, les PDG de SONATRACH, CEVITAL, …
Mais tant que c’était des grosses légumes financièrs, on pouvait mettre cela sur une volonté de salubrité économique après 20 ans de prédations, de prévarication et du règne de ripoux à col blanc. Mais dès lors que le couperet frappe le cœur du pouvoir déchu, c’est symptomatique de lignes qui bougent.
Certes, ce serait à en croire le général Gaïd, le dénouement d’un affrontement ou plutôt d’un complot étouffé dans l’œuf, car par des recoupements, Saïd Bouteflika serait à la tête d’un groupe séditieux, composé de ces 2 autres piliers de la galaxie boutef : Mohamed Mediene dit Toufik et Athmane Tartag alias Bachir, pour écourter la Transition ou la révolution Joyeuse, c’est selon.
Au demeurant, une correspondance d’un ancien président Liamine Zéroual, rendue public fait état d’une collusion Saïd Bouteflika-Toufik, en vue de renverser Gaïd et confier la transition à lui à Zéroual. Vrai ou faux ?
Mais on le sait aussi, toute transition est propice à des dénonciations de vrais complots et de cabales avortées, préludes à des purges inévitables. Quoique dans le cas d’espèce effectivement, tout pourrait porter à croire que Saïd, le seul frère vivant qui reste du président malade déchu, Saïd donc nourrirait des ressentiments, non pas pour le peuple algérien, mais pour le général Gaïd Salah, un général que Bouteflika a promus au détriment d’autres généraux, au nombre desquels, Toufik et Bachir. Il y a 6 ans en effet au détour d’un vaste mouvement dans l’armée, dont la mise à la retraite de 17 généraux, Abdelaziz Bouteflika tout en propulsant Gaïd Salah comme chef d’état-major et ministre de la défense, sanctionnait les 2 actuels réprouvés :
Athmane Tartag, chef de la division de la sécurité intérieure (DSI) se voyait mis à la retraite.
De même le titulaire du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), Mohamed Mediene était dépouillé de ses fonctions et retraité d’office.
Du coup, toutes les structures de la DRS étaient désormais rattachées à l’état-major, autrement dit au général Gaïd, qui répondait de la présidence d’El Mouradia, c’est-à-dire de Boutef.
A l’évidence, entre Gaïd et les 2 généraux embastillés hier à la prison militaire de Blida, il y a un ressentiment inextinguible. Et comme c’est Gaïd qui a le rapport de force avec
lui…
Quoiqu’on puisse supputer sur ces petits règlements de compte entre éléments formatés par un même système, il faut reconnaître que le vrai président de la Transition, c’est bien le général Gaïd et non les 2 ‘’B’’ restants et chaque Algérien doit se le tenir pour dit et c’est là que se situe le nœud gordien du problème algérien.
Sur quel résultat va déboucher une telle transition si un cacique du régime voué aux gémonies par les Algériens compte régenter cette période et même en imposer l’issue ?
Le général Gaïd lui-même ne doit-il pas s’éclipser ? Et s’il s’en va, quelle force pour canaliser cette transition jusqu’à terme ?
Ces arrestations dernières en date sont aussi le fruit des ‘’vendredisations’’ c’est-à-dire les manifestations monstres tous les vendredis depuis février des Algériens et de cette volonté de ‘’déboutefliser’’ ce pays. Quant à son aboutissement, il faudra posséder une boule de Crystal pour le savoir. ‘’Vendredisation et débouteflikisation’’, suite. A quand la fin ?
La REDACTION
COMMENTAIRES