Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa est beaucoup plus dans l’urgence pour faire face à la virulente vague de la pandémie du Covid-19 qui sévit dans son pays que d’attendre la commande des vaccins de l’Union africaine (UA) qui semble une «route encore longue», selon ses propres termes. En effet, la nation arc-en-ciel, pays le plus touché du continent par la pandémie avec au moins 1,45 million d’infections recensées et plus de 44 000 décès, a reçu hier lundi sa première cargaison de vaccins contre le Covid-19.
Il s’agit d’un million de doses du vaccin britannique AstraZeneca/Oxford, produit en Inde. Ce qui va permettre de débuter sa campagne de vaccination de masse, qui ciblera en priorité le personnel de santé. Il est prévu, à terme, de vacciner d’ici la fin de l’année au moins 67 % de la population, soit environ 40 millions de personnes.
Le pays de Nelson Mandela rejoindra donc bientôt la short liste des pays africains, à savoir le Maroc, l’Algérie, les Seychelles, Maurice, qui ont commencé à vacciner leur population. Il faut dire que cette expérience sud-africaine sera pratiquement la plus grande expérience au niveau de l’Afrique subsaharienne si ce n’est que le pays servira malgré lui, de cobaye aux autres qui verront l’efficacité de ce vaccin britannique surtout avec l’apparition d’un nouveau variant suspecté d’être plus contagieux, avant peut-être, eux aussi de passer commande dans un marché où ce sont les plus nantis qui sont les premiers servis. Toujours est-il qu’on ne peut être que satisfait de cet arrivage d’autant que le pays, le plus industrialisé du continent, et qui avait commencé à se mettre économiquement à genou, a plus que besoin de relancer sa machine économique avec une population en bonne santé. En attendant de savoir si la campagne de vaccination sera gratuite ou payante, encore que comme d’habitude face à ce genre de pandémie, c’est le continent noir qui va encore trinquer même si heureusement, l’hécatombe prévue par l’OMS n’a pas eu lieu malgré la hausse du nombre d’infections avec la seconde vague. A la date d’hier, le continent recensait 3,6 millions de cas et 91 000 morts.
À raison de deux doses par personne, l’Afrique aura besoin de 1,5 milliard de doses pour vacciner 60% de ses environ 1,3 milliard d’habitants, pour un coût estimé à entre 7 et 10 milliards de dollars. Une somme faramineuse. Si l’Union africaine annonce avoir déjà obtenu 670 millions de doses pour ses États membres, et compte instaurer un « Fonds vaccin», il faut tout de même reconnaitre qu’il y a loin la commande de ces vaccins à leur acquisition, et surtout à leur administration envers les populations africaines, taraudées par la maladie, et surtout présurées par les affres financières, dues aux mesures restrictives. L’un des premiers cobayes Sud-africain pourrait être le président Ramaphosa en personne !
Idrissa TRAORE
COMMENTAIRES