Régicide donc à Port-au-Prince dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, avec l’assassinat du président Jovenel Moïse et son épouse, par un commando. Finalement la chienlit et l’atmosphère Kafkaïenne qui prévalaient dans le pays ont fini par emporter le président. C’est le chaos avec la décapitation du sommet de l’Etat.
Elu en 2016 et ayant pris fonction le 7 février 2017, des élections générales devraient avoir lieu, mais pour beaucoup de Haïtiens, le président Moïse en retardait leurs tenues. Ainsi, s’agissant du référendum constitutionnel, qui devait se tenir le 27 juin dernier, le défunt président l’a renvoyé au 26 septembre, ce qui a provoqué de grandes manifestations à Port-au-Prince et d’autres villes de l’intérieur. Instabilité constitutionnelle donc.
A la vérité, depuis les années 90, année de la fin du règne des Duvalier, Haïti ne s’est jamais bien porté. L’un des pays caribéens les plus pauvres enchainait crise sur crise, que ce soit sous le père Jean Bertrand Aristide, ou ses successeurs, conséquences des 30 ans de règne de braise de «Papa» et «Baby» Doc, surnoms des tristement célèbres présidents père et fils Duvalier, dont le passage à la tête de l’Etat rime avec les Tontons Macoutes, flingueurs et tortionnaires invétérés, qui mirent Haïti à feu et à sang pour que François et Jean Claude Duvalier puissent assouvir leur boulimie du pouvoir.
Si «Papa Doc» est mort sur son lit en 1971, «Baby Doc» qui accéda au pouvoir à 19 ans fut chassé par la rue en 1986 abandonné par ses soutiens notamment américains et après un exil de 25 ans reviendra en 2011 pour mourir en octobre 2014. Mais durant les 3 décennies de plomb, Haïti a touché le fond et vraisemblablement, n’est jamais remonté.
Renversements des présidents par des coups d’Etat militaires, trafic de drogue qui impacte d’ailleurs son infortuné voisin qu’est la République dominicaine qui a d’ailleurs fermé ses frontières suite à la disparition du président Moïse, situations sanitaire et sécuritaire dégradées, 7 premiers ministres, des populations en colère, rapts et demandes de rançons, incompétence et corruption des Forces de l’ordre, un pays sous coupe réglée des gangs, que ne parvient pas à combattre un Etat failli. C’est cette cocotte-minute qui a fini par exploser et à occasionner cet assassinat odieux du président Jovenel Moïse.
Les Duvalier ont fait beaucoup de mal à ce pays et même des années après leur passage, mélangé avec l’impéritie d’une classe dirigeante aussi corrompue qu’inapte à gouverner, on ne peut aboutir qu’à ces régurgitations politico-sociales. Une sorte de néo-duvaliérisme qui fait beaucoup de dégâts.
Le premier ministre sortant Joseph a beau se démener comme un beau diable, et le premier ministre nommé Harry Ariel voulant aussi prendre cette place, seule encore l’armée ou ce qui en tient lieu, puisqu’elle a été dissoute sous Bertrand Aristide peut in fine imposer sa loi ou plutôt son homme. La police, elle reste dépassée par les évènements.
En Haïti, il faut une révolution salvatrice pour tourner la page, mais il faut aussi une métamorphose des mentalités. Dans ce pays du dieu vaudou, il est temps que la paix et la sérénité reviennent et seules les populations peuvent l’imposer par la discipline et la désignation de dirigeants sérieux, pour le retour d’un Etat digne de ce nom. En commençant prioritairement à chasser les fantômes Duvalier.
La Rédaction
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