Assassinat d’un prêtre et 5 fidèles à Dablo : Tentative d’un énième dissolvant du vivre-ensemble

Assassinat d’un prêtre et 5 fidèles à Dablo : Tentative d’un énième dissolvant du vivre-ensemble

Certes, on est au 4e dimanche de l’après Pâques, la mort et la résurrection du Christ, mais tout de même, en l’espace de 14 jours, les chrétiens et pas  seulement eux ont été durement éprouvés.

Nouveau dimanche noir pour les chrétiens burkinabè. Hier 12 mai 2019, un prêtre catholique et cinq fidèles ont été tués à Dablo, localité située à 90 kilomètres de Kaya dans la province du Sanmatenga. Selon une source locale, l’attaque est survenue aux environs de 9 heures. «C’est au cours de la messe que des individus armés juchés sur 17 motos ont fait irruption dans l’église catholique. Ils ont commencé à tirer alors que les fidèles essayaient de s’enfuir. Les assaillants  ont pu maîtriser certains fidèles. Ils ont tué cinq personnes. Le prêtre qui célébrait la messe a également été tué, portant à six le nombre de morts», explique-t-elle. Par la suite, les assaillants, poursuit-elle, «ont incendié l’église, plusieurs boutiques et un bar avant de mettre le cap sur le CSPS où ils ont également incendié les locaux après avoir procédé à des fouilles».

Cette attaque intervient au lendemain du début de l’Opération Ndofou, «déraciner, en langue Fulfuldé», lancée pour déloger les groupes terroristes opérant dans les régions du Centre-Nord et deux jours après la libération de quatre otages (deux Français, une Coréenne et un Américain) lors d’une opération conjointe des Forces armées burkinabè et des Forces spéciales françaises dans le Nord du pays. C’est la deuxième fois qu’une église fait les frais de l’insécurité qui secoue le Burkina Faso depuis la dégradation du climat sécuritaire en Juin 2015. Le 28 avril dernier, six personnes avaient été abattues lors de l’attaque de l’église protestante de Silgadji, dans le Nord du Burkina Faso. A la mi-mars, l’abbé Joël Yougbaré, curé de Djibo, dans le Nord du pays, a été enlevé par des individus armés. Le 15 février, le père César Fernandez, missionnaire salésien d’origine espagnole, a été tué lors d’une attaque armée attribuée à des djihadistes à Nohao, dans le Centre-Est du pays. Signalons que plus d’une dizaine d’imams ont également été assassinés par les terroristes dans les régions du Nord et de l’Est. C’est autant de durs arrêts d’un long chemin de croix qui a débuté le 15 janvier 2016 sur Kwame N’Krumah, par l’innommable du Café Cappuccino et dont on n’ignore le terme étant donné qu’aux accalmies de cette guerre assymetrique alternent des pics d’attaques protéiformes aussi bien géographiquement que par les cibles.

Depuis quatre ans, le pays des hommes intègres fait face à des attaques meurtrières répétées attribuées à plusieurs groupes terroristes dont Ansarul Islam du prédicateur radical Malam Dicko, et au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et l’organisation Etat islamique au grand Sahara (EIGS) chapeauté par Iyad Ag Ghali. Par ailleurs, des spécialistes de la question évoquent la présence de petits groupes locaux. Autant dire une kyrielle de Katibas. Dans un message publié sur les réseaux sociaux, suite à l’attaque d’une église à Dablo, le président du Faso a adressé ses condoléances aux familles des victimes. Il les assurées du soutien du gouvernement face à cette attaque «inacceptable» qu’il condamne «énergiquement». Roch Kaboré relève qu’il s’agit d’un phénomène nouveau dans un pays «reconnu comme un modèle de coexistence religieuse.   En ces heures difficiles, le chef de l’Etat a réaffirmé sa détermination à traquer ces forces obscurantistes qui veulent mettre à mal notre vivre ensemble et saper nos efforts de développement».

Il va falloir surtout que les Burkinabè, qui ont toujours vécu dans une coexistence confessionnelle pacifique fassent preuve effectivement d’un grand discernement, pour ne pas faire un amalgame dont les conséquences seront désastreuses. Déjà, il y a à peine plus d’une semaine, la chancelière Angela Merkel invitait les étudiants à ne pas céder aux provocations ethnicistes et religieuses des terroristes. Mais il va falloir aussi que la tendance des FDS qui semblait inverser la folie meurtrière se confirme car Kaya, c’est à 100 km de Ouaga, et on n’a beau ne pas être paranoïaque, le sentiment obsidional (encerclement) est bien prégnant chez les populations.

Davy Richard Sekoné

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