Assemblée générale de la Fédération burkinabè de football :  La «Sangarisation» en marche !

Assemblée générale de la Fédération burkinabè de football : La «Sangarisation» en marche !

Réunie en assemblée générale, le dimanche 8 avril dernier, la Fédération burkinabè de football a procédé à la réforme de ses textes. Un toilettage qui s’imposait certes, mais qui en définitive, prépare 8 futures années sans encombre au colonel Sita Sangaré…

Annoncée comme un tournant décisif, les appréhensions qui entouraient la réforme des textes de la Fédération burkinabè de football ne sera estompée, à l’issue de l’assemblée générale. Entamée par une commission qui s’est longuement planchée sur le sujet, l’exercice s’avérait nécessaire, si le football burkinabè voulait être en phase avec les instances internationales qui régissent la vie de la boule de cuir. C’est donc tout à l’honneur du colonel Sita Sangaré, qui, quelque part, mériterait bien la paternité de ce toilettage (les lois Sangaré), tant ces réformes donnent une autre dimension à l’institution domestique de notre football.

Reste que si la nécessité de reformer nos textes ne se dispute pas, les raisons avancées elles, nous ont bien souvent paru quelques peu anecdotiques. La plus discutable reste selon nous, l’adoption de la règle qui veut que désormais, ne soit élu que le candidat à la présidence de la fédération. Le choix des autres membres obéira au pouvoir discrétionnaire du candidat élu. En soi, cette disposition n’est pas mauvaise. Au moins, elle permet de remettre en cause l’incapacité de certains membres, et de les remplacer pour la bonne marche de la structure. Par expérience, on sait qu’une fois la veste griffée « FBF » sur les épaules, certains membres ne rompent leur hibernation qu’à l’occasion d’une mission. Configuré comme telle, le bureau est bien obligé de le garder, quel que soit son degré de contre production, et cela n’est pas toujours sans conséquences fâcheuses.

En même temps, la fédération étant l’émanation des clubs, cette procédure désormais obsolète offrait un équilibre de force et de rapport au sein de la machine fédérale. Avec cette nouvelle mesure, la vision de la fédération semble être beaucoup plus celle d’un homme élu que celle d’un ensemble de clubs, avec chacun un représentant dans le rôle de veille. De ce point de vue, le colonel Sangaré qui a droit à deux autres mandats selon la nouvelle formule, peut à tout moment, se débarrasser de membres improductifs ou gênants dans leurs analyses et appréciations de l’activité fédérale. Si au karaté, au basket ou au cyclisme, la réfraction d’un nombre donné de membres fédéraux entraîne de facto une remise en cause du mandat du président, cela n’est plus d’actualité au football. En sautant ce dispositif, le président Sita Sangaré s’offre un règne sans encombre. Sauf si le danger se manifeste sous la forme d’une fronde menée par les clubs, un peu comme ce qui se passe en Côte d’Ivoire. Quant aux arguments selon lesquels cela donnera la possibilité au vainqueur de s’attacher les services d’une compétence dans le camp vaincu, nous ne demandons qu’à croire à un tel bel esprit. Mais quand on voit comment le camp Amado Traoré a été marginalisé, on peut se convaincre que pour être admis dans un camp quand on vient de celui d’en face, il faut vraiment avoir été auteur d’un repenti compromettant. A moins qu’en filigrane, l’idée mijotée ne soit en définitive, que celle de fragiliser un probable adversaire.

Dans ce même registre, nous ne sommes pas certain que les ligues (03 désormais) qui auront parrainé un candidat perdant, ne seront pas dans le viseur du vainqueur qui n’est soumis à aucune contrainte dans la composition de son bureau. En somme, cette nouvelle disposition qui va à coup sûr, engendrer plus de soumission que de débat d’idées contradictoires en interne, risque de créer plus de frustration. Selon le président de la FBF, le parrainage de 3 ligues répond à un souci : celui d’être connu par le monde de la boule de cuir. Que faut-il entendre par être «connu» ? En tous les cas, à moins que les ligues, de peur de fâcher le président (en réalité le danger est à ce niveau) sortant refusent leur parrainage à un candidat, cet obstacle ne semble pas insurmontable. Maintenant, si la pression de s’abstenir, d’accorder son parrainage à un candidat, sous prétexte qu’il n’est pas connu fait partie de la manœuvre, alors, on aura regrettablement faussé le jeu.

La caution de 2 millions en vue de limiter les «candidatures fantaisistes» souffre également de pertinence. Cette proposition qui a fait l’objet de débat n’a peut-être pas révélé la finalité, escompté. Initialement fixée à 5 millions, l’AG a abouti à un consensus de 2 millions. S’il faut investir tant pour aller exercer une tache bénévole, autant dire que la bataille en vaut la chandelle. Nous préparons d’ailleurs un article sur la FBF, cette caverne (l’apport des sponsors, de la CAF, de la FIFA…) d’Ali Baba. Désormais limités à 2 mandats, les tenants de la théorie de la stabilité vont devoir trouver autre chose.

Au-delà du caractère indiscutable des réformes que vient de subir les textes de la Fédération burkinabè de football, le maître des lieux, tel le petit caillou qui s’abrite sous le haricot pour goûter aux délices de l’huile, vient de s’offrir une toilette à sa convenance. Mais comme il semble que plus rien ne sera comme avant, attendons de voir…

Hamed JUNIOR

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