Comme annoncées en fin décembre 2021, les Assises nationales se sont ouvertes le 22 mars dernier dans la capitale guinéenne. C’est le lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya, himself, président de la Transition qui a donné le «là» de ce raout qui s’étend jusqu’au 29 avril prochain.
Durant six semaines, les participants à ces Assises nationales auront la charge de faire des propositions pour un «renouveau» de la Guinée à travers la construction d’un nouveau cadre institutionnel dans le pays. Il s’agit, selon les mots du tombeur d’Alpha Condé, de favoriser le vivre-ensemble afin d’enclencher un véritable processus de réconciliation au sein de la population guinéenne. Auparavant, avant cet arbre à palabre, ce sont 31 personnalités composant le comité managérial qui ont été installées le 27 mars dernier.
Ces Assises très attendues dans ce pays où le fossé entre communautés est abyssal constituent en réalité une nécessité et une urgence sociétale. Si dans l’esprit, l’unanimité est faite sur cette nécessité, le format pose une fois de plus problème et d’ores et déjà une partie de la société civile et de la classe politique renâclent à y participer.
Après la dictature marxisante de Sékou Touré, la gouvernance du Pater familiale de Lassana Conté, et le passage ubuesque de Dadis sans oublier les 10 ans du professeur, toutes marquées par les reflux communautaires et une césure ethnique, voici venue la tentative de catharsis du lieutenant-colonel Doumbouya. Sauf qu’il y a un hic, car on l’impression que c’est une réconciliation au forceps que tente d’imposer la Transition. Au moment où, le comité chargé de conduire les travaux dans toutes les préfectures de la Guinée, prend forme, le doute sur l’aboutissement de ces rencontres se renforce. Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) fer de lance de la lutte contre le 3e mandat de trop du professeur Alpha Condé ne s’est jusque-là pas montré très enthousiaste à y prendre part. Les politiques aussi, comme il fallait s’y attendre veulent des garantis avant d’y envoyer leurs délégués. En effet, c’est un cénacle qui se tient alors que les politiques ont été jusque-là dans l’angle-mort des nouvelles autorités qui s’en méfient et tentent de les mettre au pas, telle l’expulsion de Cellou Dalein Diallo de son domicile avant la destruction complète de celui-ci.
L’intention est peut-être louable, mais Doumbouya semble vouloir mettre la charrue avant les bœufs et on le voit, le cadre de ces Assises laisse circonspect et ces conclusions risquent de connaître le même sort. Le pari est donc risqué pour le pouvoir de la Transition de lancer des discussions pour recoller une Guinée divisée sans un compromis avec l’ensemble des acteurs. Dans ce cas, il n’est pas exclu que ces Assises accouchent d’une souris comme les précédentes. L’enfer est pavé de bonnes intentions, Doumbouya le sait et même que dans le cas d’espèce, il n’ignore pas que ce dialogue se présente sous des auspices défavorables.
C’est connu, la Guinée depuis des lustres a mal à son tissu social, fait de brimades, d’injustices diverses et de toutes formes, de violences politiques, d’assassinats… et il importe donc de crever l’abcès et soigner ces plaies béantes qui jonchent les communautés. Ces Assises permettront-elles d’apurer ce lourd passif qui plombe le vivre-ensemble, alimente les crises politiques en Guinée et débouche sur le cycle infernal coup d’Etat-Violences-Transition ? Rien n’est exclu, peut-être que cette fois, les Guinéens pourront mettre en sourdine leur égos pour y aller franchement sans arrière-pensées.
Davy Richard SEKONE
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