Assises nationales-plébiscites pour le capitaine Ibrahim Traoré : IB Ya ka Fanga ta

Assises nationales-plébiscites pour le capitaine Ibrahim Traoré : IB Ya ka Fanga ta

Point n’était besoin d’être une pythie politique ou sortir de Sciences Po pour deviner que celui qui a écarté le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, lors d’une longue révolution de palais (30 septembre-2 octobre 2022), le tombeur de Damiba donc, ne pouvait qu’être calife à la place du calife.

En Afrique et même sous d’autres cieux, on ne prend pas le pouvoir pour le remettre à une tierce personne. Le pouvoir suprême ne se partage pas, même si dès les premières heures de ce 2e coup d’Etat, Ibrahim Traoré avait affirmé être intéressé par la bataille sur le terrain contre les terroristes que le pouvoir transitionnel à Ouaga … C’était sous les flonflons et les youyous de populations sorties pour accompagner ce deuxième pronunciamiento en 8 mois. Deux semaines après, in petto et encore sous la pression de la rue, IB concède à «s’assumer» selon un vocable qui fait florès depuis dans la bouche des Burkinabè. Enfin, ce putsch est l’aboutissement de contradictions entre militaires, un civil peut-il s’en prévaloir après ?

Et encore, vu la mobilisation à Bobo, Ouaga, Kaya, Nouna … lors du coup d’Etat, ce qui a d’ailleurs pesé dans la balance pour le capitaine, et le centre de conférences de Ouaga 2000 ceinturé par des manifestants qui exigeaient que le capitaine Ibrahim Traoré soit oint illico presta par les 300 délégués des Assises, lesquels n’avaient le choix que de le faire, et même qu’on a dû sauter l’examen de 2 ou 3 articles de la Charte pour aller directement et adopter à l’unanimité la clause 5 relative à la présidence de Transition, les jeux étaient faits.

Jamais, on n’a vu un évènement où Rood Woko le grand marché de Ouaga et les petits marchés fermés, pour que les commerçants se rendent aux Assises nationales pour enjoindre le colonel-major  Celestin Simporé, le président du comité d’organisation et ses collègues de remettre vite la chose au capitaine IB. Dès vendredi, sous le coup de 11 heures, le match était plié. C’était Ibrahim Traoré  ou… Ibrahim Traoré. Voici l’impromptu capitaine désormais aux manettes d’un Burkinabè qui ploie mais n’a pas encore rompu sous le joug de mille problèmes dont le principal demeure  les coups du terrorisme qui le frappe depuis plus de 6 ans ! IB Ya ka Fanga Ta, (IB garde son pouvoir en dioula ) clame-t-on à Bobo (où la maison familiale à Sarfalao  au secteur 17 est sous haute surveillance de la police) et à Kéra  (Bondoukouy), le fief de ses aieux .

Désormais, le capitaine IB a la  destinée du pays des hommes intègres en mains. Sa première tâche sera de remotiver l’armée pour le combat contre les katibas au Sahel, à l’Est, au Nord … Remotiver également la hiérarchie militaire et surtout œuvrer à ce qu’elle l’accompagne dans toute sa plénitude. En effet et c’est un secret de polichinelle, que dès le départ, certains hauts gradés n’avaient pas totalement «digéré» le coup du 30 septembre. A présent, tout semble rentrer dans l’ordre.

Et de nouveau, on scrute du côté de la CEDEAO dont le médiateur officiel Mahamadou Issoufou, après un passage à Ouaga a crédité les putschistes d’un bon préjugé, ce qui augure encore peut-être une bienveillance de la part de l’organisation sous-régionale, envers le capitaine IB et le Burkina.

A présent,  le jeune président de la Transition a 21 mois pour dépêtrer le Burkina de la gadoue terroriste, politique, économique et sociale. Une gigantesque tâche qui requiert qu’il soit lucide, ait le discernement et s’entoure d’une équipe compétente. 25 ministres comme arrêté par la charte, c’est raisonnable et 71 «députés » de l’Assemblée législative de Transition (ALT) qui toucheront que des indemnités de session (et pas de salaires) rejoignant en cela, ce qu’avait recommandé la première mouture de la Charte d’il y a 8 mois, même si la session est continue, bref, en théorie, cette transition démarre sous de bons auspices, avec tout de même le volet terroriste, toujours très volatile, comme l’atteste l’attaque de Silmadji concomitamment à l’adoption de la Charte, et la désignation de IB, laquelle attaque a fait 11 victimes …

L’Action, encore de l’action et toujours de l’action selon le mot de Danton. C’est la préoccupation d’IB. Il devra se départir des idéologies et des copinages pour fédérer une Nation burkinabè qui se délite sous les estocades du terrorisme. Mais aussi d’une certaine classe politique, gagnée par la boulimie, l’impéritie et l’indigence, bref, tourner le dos aux hommes d’estrade, plus préoccupés par les préséances, les postes en un mot le nectar qui s’appelle pouvoir que par le péril en la demeure. Le Burkina est malade du terrorisme, certes, mais aussi de ceux qui prétendent le diriger souvent obnubilés par les honneurs et les ors de la République que par l’avenir du pays.

21 mois pour réussir, tel est le défi qui se pose au capitaine IB : circonscrire le terrorisme, abaisser le nombre des Personnes déplacées internes (PDI) et pacifier le pays. IB sera-t-il le Périclès trentenaire du Burkina ? Pourvu qu’il gouverne dans l’intérêt du peuple, et qu’on lui laisse faire ses preuves !

35 ans après le fringant capitaine Thomas Sankara, voici un autre capitaine à la tête du Burkina Faso. L’histoire se répète. Mais IB doit mettre fin à ce bégaiement historique, en œuvrant à être le dernier putschiste, c’est-à-dire mettre le Burkina sur les rails de la culture des urnes et de l’alternance civile.

La REDACTION

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