Hydre à plusieurs têtes donc. Un monstre exhumé des sables du désert qui est déterminé à en faire voir de toutes les couleurs au pays du Sahel. Amadou Koufa à peine «ressuscité» que le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) développe d’autres excroissances pour le malheur des forces maliennes. On apprend en effet que l’attaque meurtrière qui a frappé le camp militaire de Dioura à poltron minet ce dimanche 17 mars, a été conduite par un de ses lieutenants. Il se nomme Ba Ag Moussa, alias Bamoussa Diarra.
Tout le monde n’est pas le colonel Gamou qui quitta la rébellion pour rejoindre les forces armées maliennes (FAMA) et c’est bien le contraire qu’a fait Bamoussa, un autre colonel des forces régulières, qui après une tentation rebelle en 2006, ira carrément rejoindre en 2012 ceux qui ont pris les armes contre le pouvoir central malien.
La loi d’airain dans le djihadisme est qu’une tête coupée, il en pousse une autre voire 2. Ces derniers mois, Barkhane, l’armée malienne et burkinabè en ont coupé, mais, à l’instar d’un Bamoussa, il en émerge une nouvelle.
On apprend ainsi que ce Bamoussa a été formé avec un certain Iyad Ag Ghali, aujourd’hui grand patron du GSIM, quelques années avant d’endosser le treillis de son bras droit et d’écumer le Nord du Mali, semant mort et désolation, et maintenant le Centre avec l’attaque menée contre le camp militaire de Dioura.
Est-il aussi le bras vengeur du «mort-vivant» Amadou Koufa, qui n’a sans doute pas digéré l’affront qui lui a été infligé ? Ce n’est du reste pas important, tant l’escargot écrasé par la patte de l’éléphant ne déculpabilise pas sa trompe.
L’ex-colonel Ba Ag Moussa fait partie, au même titre que le chef de la katiba du Macina, du groupe GSIM. Voici une ancienne-nouvelle recrue, qui fait parler de sa katiba. Car l’attaque meurtrière de dimanche du casernement, qui porte la griffe de ce transfuge de l’armée malienne aura fait beaucoup de dégâts. 24 tués côté soldats maliens, des camions et autres matériels détruits.
C’est un grand coup porté au pouvoir de Bamako, qui ne peut que se répandre en condamnations et incantations, tandis que chacun sait que tout part et aboutit à Iyad Ag Ghali.
Deux années après la création du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), Bamoussa offre de ce fait un cadeau des nonces de cuir à son pygmalion terroriste, car lorsque le 1er mars 2017 avec 5 autre chefs, il met sur les fonds baptismaux le GSIM, il avait déjà des objectifs.
Avec sa barbe brouissailleuse, et ses lunettes d’intello, le natif de Boghonsa, il y a 61 ans aura réussi depuis 30 années à être au cœur du djihadisme sahélien ! Depuis le Mouvement populaire de libération de l’Azawad (MPLA) qu’il créa dans les années 80 à la naissance du GSIM, en passant par Ansardine et la Légion kadhafienne en Libye, l’enfant terrible de la tribu des Ifogas, aura surpassé les Droukdel Abou Zeid, et autre Belmoctar en matière de négociations, de dribles, d’actes terroristes, pour devenir de nos jours, le caïd des katibas, le Ben Laden du Sahélistan.
Avec des ambitions et une dextérité de stratège, il a réussi à rapprocher autour de lui les différents groupes qui étaient disséminés dans la région. Il en a fait une entité avec une force de nuisance beaucoup plus importante.
Cette disposition force les armées des pays concernés par ses incursions de mutualiser leurs énergies pour y faire face. Il apparaît désormais clair que ces efforts doivent être redoublés, voire triplés, car avec l’apparition de cet ex-colonel de l’armée malienne, les terroristes révèlent qu’ils pensent à l’avenir. Ils accordent une grande importance à la relève de leur entreprise (terroriste, désormais une entreprise un business dont le fonds de commerce se décline en rapts, marchandages et tuéries rapines. Ils y mettent les moyens, recrutent jusque dans les rangs de leurs ennemis, complexifient désormais leurs attaques contre les positions des forces armées. Ils mettent le temps qu’il faut avant de semer la terreur.
C’est une guerre de longue haleine. La tâche, comme s’il était encore besoin de le souligner, est immense et montagneuse. La thérapie ira au-delà de l’amputation ou de la décapitation. Il n’est pas certain que si Iyad Ag Ghali venait à passer de vie à trépas, le GSIM cesse d’être pour autant venimeux. Il faudra désormais plus. Beaucoup plus.
MINUSMA, Barkhane, FAMA et Force G5-Sahel sont du reste parvenus et seul le temps fera son œuvre, à condition que les forces du Bien demeurent permanement sur le qui-vive.
Ahmed BAMBARA
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