Sale temps sur Bangui hier. Les armes ont crépité entre rebelles et forces armées nationales appuyées par les Casques bleus de la MINUSCA et des militaires de pays partenaires. Ce que l’on redoutait, depuis mi-décembre dernier, à savoir une attaque rebelle sur la capitale centrafricaine a fini par avoir lieu ce mercredi 13 janvier 2021 soit quelques deux semaines après la tenue, presqu’au forceps, du double scrutin présidentiel et législatif. Si le ministre de l’Intérieur, Henri Linguissara rassure que les rebelles ont été repoussés hors de la ville et que la situation est sous contrôle, il n’en demeure pas moins que cette attaque a fait un mort dans les rangs des Casques bleus et au moins une dizaine parmi les assaillants, selon les premiers bilans. Du reste, cette offensive des groupes armés sur Bangui est d’autant inquiétante qu’elle intervient à un moment où les forces loyalistes et leurs alliés étaient censés garder l’arme au pied pour empêcher cette agression armée de la capitale, qui est comme le dernier bastion du pouvoir nouvellement installé.
On sait que depuis la décision irrévocable de la Cour constitutionnelle de maintenir les élections présidentielle et législatives le 27 décembre 2020 envers et contre la quasi-totalité des candidats à la présidentielle, les groupes armés qui ont créé, dans la foulée, la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), avaient voulu marcher sur Bangui pour empêcher la tenue desdites élections. Une tentative d’équipée qui a finalement échoué grâce aux troupes de la MINUSCA et aux troupes russes et rwandaises qui ont prêté main forte aux forces armées centrafricaines. Et au bout du compte, Faustin-Archange Touadéra a été réélu.
Mais quelles élections ? Puisque sauf à Bangui, la capitale, dans les autres villes soit les élections n’ont pas eu lieu ou elles étaient tronquées parce que les électeurs n’ont pas pu se rendre sereinement aux urnes à cause de la terreur des rebelles. On voit donc que quelques semaines après ces élections, rien n’est réglé. D’autant que les rebelles de la CPC ont pu pénétrer finalement à l’intérieur de la capitale en attaquant Bimbo au PK9 et Bégoua au PK12. Certes, on a empêché la RCA de retomber dans la transition c’est-à-dire dans une dangereuse inconnue, mais le problème est qu’il faut tout de même récupérer 80% du territoire et en commençant à mettre hors d’état de nuire François Bozizé. En tous les cas, on peut dire, avec cette attaque rebelle de grande envergure à Bangui, que la RCA reste un Etat failli ou du moins, un Etat avec 7 Républiques, et un empire qui n’aurait jamais dû exister, un proto-Etat, en somme.
Idrissa TRAORE
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