Attaque de Boko Haram au Tchad :  Ndjamena et un de ses vieux ennemis

Attaque de Boko Haram au Tchad : Ndjamena et un de ses vieux ennemis

Le sinistre ennemi du patron du Tchad s’est tristement rappelé à sa mémoire. Au moins 14 pauvres âmes ont été arrachées cruellement à la vie près du village de Baga Sola. La horde de Boko Haram est pointée du doigt. Assassinats et enlèvements figurent dans leur sinistre registre. Opérant surtout au Nigéria, au Cameroun et au Niger, Boko Haram a donc encore frappé dans ce pays, réputé  pourtant résilient pour ses répliques à l’égard de la secte sanguinolente. En effet, il y a 2 années de cela, il a fallu de peu que les «Warriors» tchadiens neutralisent Abubakar Shekau.

Helas, le chacal s’est mué en un animal a 2 têtes, puisque depuis le shisme, Moussa Barnawi dirige une aile de Boko Haram et c’est cette aile qui vient de frapper à Baga Sola au tchad. Au moment où Idriss Deby assistait à la première vraie sortie officielle d’Ali Bongo Ondimba, post-AVC et post-«intérim» de l’ex-dircab, Brice Lacruch Alihanga

Et cette attaque intervient à une période de grandes interrogations sur la présence de l’armée française au Sahel et vient questionner l’efficacité de l’arsenal tchadien. Mais contrairement à ses «frères» du G5 Sahel, le Tchad ne bénéficie pas pour le moment du soutien de l’armée française de façon aussi appuyée. Du reste, l’armée tchadienne, avec sa «sœur» de la Mauritanie, est considérée comme la combative du groupe des 5.

Autre élément, Boko Haram, même s’il est classé dans le catalogue des organisations terroristes, est toutefois un autre «problème» que le Tchad partage d’ailleurs avec le Cameroun et le Nigeria et subsidiairement avec le Niger. Deux fronts donc pour les ‘’Warriors’’ tchadiens, si l’on n’ajoute pas ces groupes qui tentent de prendre le pouvoir de Ndjamena.

Des hostilités au cœur multiple dans un contexte de morosité économique où la manne pétrolière ne livre plus aussi grassement ses atouts. Nul doute cependant que le Warrior en chef Idriss Déby saura faire face à ce regain de violences d’une pieuvre qui refuse de mourir, malgré les importants coups qui lui sont portés par les tchadiens, la Force multinationale mixte, (FMM) notamment avec de temps en temps des opérations de nettoyage du Lac Tchad et de la forêt de Sambissa.

Mais on le dit et on le répète à l’envi, le traitement militaire de cette plaie africaine qu’est le terrorisme ne suffira pas tant qu’il ne sera pas accompagné d’une thérapie qui touche aux racines de la subsistance de ce phénomène. La pauvreté ramollit fortement la résistance des jeunes potentielles recrues face à l’appât du gain facile. Le patriotisme et les valeurs se monnayent plus facilement quand la jeunesse ne voit pas d’autre alternative, d’autre moyen de rêver à un véritable épanouissement. Même si les Warriors tuent des centaines de terroristes de Boko Haram, d’autres centaines de laissés-pour compte viendront les remplacer. Donc il faut y adjoindre un supplément d’aide à ces jeunes désœuvrés, livrés à l’oisiveté, à la drogue et aux divers vices dont le moins dangereux n’est pas le recrutement dans les katibas.

Créer de l’emploi, de la richesse, également repartie, fixer les jeunes dans leur terroir avec des perspectives qui font espérer, voilà une autre solution contre Boko Haram.

Et cela vaut pour toute la sous-région et peut-être même pour la planète en entier. Les frustrations font le lit des révoltes et l’expression de cette indignation prend souvent des voies extrêmes.

Si le flot noir de richesse du pétrole avait été plus équitablement redistribué au moment où il jaillissait à profusion des entrailles du Tchad, peut-être que la langue fourchue de Boko Haram aurait glissé sur la peau luisante du bonheur de la jeunesse tchadienne. Mais on n’en est plus là. Il faut trouver les ressources de battre le fer tout en travaillant à le refroidir.

Ahmed BAMBARA

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