Attaque de la MINUSCA en Centrafrique : La RCA n’existe vraiment pas !

Attaque de la MINUSCA en Centrafrique : La RCA n’existe vraiment pas !

Une attaque contre un camp d’une mission onusienne et une explosion d’interrogations. La nuit du 8 au 9 avril 2018 a été perturbée par des coups de feu qui ont ébranlé le camp de la MINUSCA, la Mission onusienne de maintien de la paix en République centrafricaine (RCA). Des individus armés probablement des ex-Seleka s’en sont pris au refuge des Casques bleus égyptiens et jordaniens. Il s’agirait des membres de l’ex-Seleka, selon nos confrères de RFI.

Cette attaque en elle-même est une audace anormale. Mais l’anormalité qui nourrit les inquiétudes trouve sa source surtout dans la proximité de la résidence du président centrafricain Faustin Archange Touadéra avec le camp onusien. Certains observateurs ont vite fait de voir à travers la fumée soulevée par le raid une attaque contre le Chef de l’Etat lui-même. Ce qui serait catastrophique. Une outrecuidance selekiste, qui n’étonne guère quand on sait que dans cette RCA qui a connu 7 républiques et 1 empire, n’a jamais été un Etat dans la plénitude de ce vocable. Tout président qu’il vienne, par les urnes ou généralement par les armes, exception faite du père de la Nation, Barthélémy Boganda, est réduit à régenter la capitale Bangui, sinon tout simplement le palais Renaissance (Présidence). Alors cette énième attaque, si d’aventure était ourdie contre le chef de l’Etat ne serait pas une surprise.

Et pour ne rien arranger, la déclaration de Simplice Sarandji aussi laconique que temporellement squelettique a tout fait sauf rassurer et apporter des réponses aux questions.

La MINUSCA, a, dans tous les cas, déjà toutes les réponses. Pour elle, c’est bien les ex-Seleka qui ont tenté de se faire entendre, en guise de représailles, après un raid de la mission onusienne au PK5 de Bangui contre un nid de ce qu’elle considère comme des «bandits», des «criminels» et des «gangs». Le ton est donc donné. Et les nuages de doutes ont dégagé le ciel du côté des onusiens. En RCA, le PK5, Bambari et d’autres localités sont autant de bravades pour l’Etat, et les Casques bleus font ce qu’ils peuvent, les faca étant quasi inexistantes et Sangaris ayant plié bagages, c’est bien une RCA qui vraiment n’existe pas, selon le livre éponyme de Jean-Pierre Tuquoi qui trouve là sa justification.

Dans tous les cas, quelle attaque perpétrée à Bangui ne peut-elle pas être considérée comme un obus lancé dans le moteur de l’autorité de Touadera ? Ce dernier a-t-il d’ailleurs une quelconque autorité dans ce pays dont il est censé  être le président ? De quel pouvoir peut-il se targuer si c’est une force étrangère à son armée, quintessence de l’autorité d’un Etat, qui doive « nettoyer » des nids et autres repaires de gangs ?

«Ce qui sûr c’est que l’opération au K5 a été lancée et va se poursuivre. L’objectif, c’est de neutraliser les gangs. Vous avez ces groupes qui se définissent comme des groupes d’autodéfense, mais pour nous, ce ne sont pas des groupes d’autodéfense, ce sont des criminels, des gens qui vivent de racket, qui rackettent les commerçants, les populations locales et les conducteurs de moto». Ces propos devraient être tenus par Simplice Sarandji, le Premier ministre centrafricain. Cependant, ils ont été prononcés par le porte-parole de la MINUSCA, Vladimir Monteiro. C’est symptomatique d’un Etat dont les autorités ont perdu la réalité du pouvoir pour ne conserver que son caractère formel, qui n’a d’effet que lorsqu’il s’agit d’imprimer et signer de la paperasse.

A cette allure, on s’interroge réellement sur l’avenir de ce pays au centre de l’Afrique. Pendant encore combien de temps l’Archange ne présentera d’espoir que de nom ? A quand la renaissance de l’ex-Oubangui-Chari ? Bien malin qui pourra y répondre.

Ahmed BAMBARA

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