11 jours après la double équipée sanglante des envoyés de la mort d’Iyad Ag Ghaly à Ouagadougou, c’est donc Niamey qui aperçoit les volutes de l’expression de la folie des terroristes. A 40 kilomètres de la capitale nigérienne, dans le village de Goubé, des individus ont attaqué un poste de gendarmerie, faisant trois morts parmi les forces de sécurité. La maréchaussée nigérienne paie ainsi un lourd tribu humain, comme celui du Burkina.
Une attaque assez surprenante dans la mesure où elle est intervient pratiquement un an après celle qui a essayé de s’en prendre à la prison de Haute sécurité de Koutoukalé. Attaque lors de laquelle les terroristes avaient été mis en déroute par les forces armées nigériennes.
A défaut donc d’atteindre la capitale, les terroristes essaient donc de s’en prendre aux postes les plus vulnérables dans un rayon où leur action sera visible depuis les toits de Niamey. C’est une stratégie qui vient démontrer que ce n’est pas que le Mali et le Burkina qui sont les maillons faibles de la forteresse G5-Sahel.
Il apparaît aujourd’hui qu’aucun pays de cette bande n’est invulnérable ou est plus fort que l’autre face à cette gangrène qui ronge le tissu social et économique de cette partie de l’Afrique. Tout le monde peut être attaqué et à des endroits insoupçonnés. Après donc le drame de Ouagadougou le 2 mars, c’est au tour du Niger, pays du reste dont le chef d’Etat occupe la chair de la présidence du G5-Sahel, qui est frappé par un deuil. Passe encore que des Katiba attaquent à Abala, à 200 km au Nord de Niamey, ou à Ouallam dans la région de Tillabéry ou encore à Diffa, mais lorsque c’est à 40 km de Niamey, autrement dit quasiment dans la capitale nigérienne, c’est synonyme, que toute la région du G5, est infestée, et que même le Niger et la Mauritanie, qualifiés de maillons forts de ce G5, ne le sont pas en totalité, en tout cas, plus pour le Niger. On a la vague impression que plus l’on s’approche de la mise en branle totale de la Force G5-Sahel, avec le rassemblement du Budget, et sa pérennisation, plus donc, on s’achemine vers cette perspective, plus, les djihadistes multiplient les opérations aussi téméraires qu’inimaginables, telle cette attaque, de l’ambassade de France à Ouaga et l’état-major des armées à 10h du jour ! Et encore avec cette gendarmerie nigérienne de Goubé !
Il convient plus que jamais de rameuter les atomes de l’union et de la mutualisation des forces pour faire barrage à l’hydre du terrorisme qui se livre à une lâche guerre faite de raids invisibles et de coups traitres qui portent un coup au moral et à la sérénité des populations. Et pendant qu’on y est, il faudra que Français et Américains, avec les drones et les technologies de renseignement redoublent d’effort pour combler le déficit criard dans le Sahel.
Point n’est plus besoin de vanter les éloges d’une nécessaire accélération de la mise sur pied de la force du G5-Sahel. Les intentions de financement ayant été déclarées, il importe que les désirs exprimés se convertissent en monnaie sonnante et trébuchante dans le carburateur de cette force afin de donner les vigoureux de manivelle qui semblent désormais la dernière bouée de sauvetage qui reste.
Ensuite, on ne cessera plus de ressasser comme une antienne, les ennemis sont dans nos murs, et désormais, chaque citoyen doit jouer à la vigie. Sans tomber benoitement dans la délation, ou des dénonciations calomnieuses ou à des stigmatisations sélectives, il faudra signaler tout mouvement, ou individu suspect. Enfin, l’accélération du développement des zones du Nord, demeure une piste, voire une solution à cette guerre asymétrique installée désormais dans les capitales.
Ahmed BAMBARA
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