C’est un rapport très attendu qui vient d’être rendu public. Celui des experts mandatés par l’ONU sur un «prétendu» soutien du Rwanda aux rebelles du M23 et qui accable Kigali et confirme les soupçons et accusations contre le régime de Paul Kagame. Selon l’enquête dont les conclusions ont été transmises au Conseil de sécurité, l’armée rwandaise effectue des incursions fréquentes sur le sol congolais mais aussi apporte un soutien aux groupes armés rebelles tels que le M23. Plus grave, les experts enquêteurs ont rassemblé des photos et vidéos qui enfoncent le truculent «petit voisin» de la RDC dont plusieurs colonnes de soldats arborant des uniformes rwandais ont été aperçus près des frontières avec la RDC et l’Ouganda. Le document précise que deux semaines avant l’attaque menée contre Bunagana, la base militaire congolaise de Rumangabo était pilonnée par des obus du M23 appuyé par des soldats rwandais avant que des colonnes rwandaises d’environ 900 à 1 000 hommes n’établissent un blocus de plusieurs jours sur la RN12 et contraignent les FARDC à fuir leurs positions en battant en retraite.
Il n’y a donc plus l’ombre d’un doute, le Rwanda est le bras armé qui déstabilise l’Est de la RDC. Kigali qui a toujours nié la présence de ses soldats sur le sol congolais et protesté contre les accusations est plus que jamais pris au piège par les enquêteurs de l’ONU. Ce n’est pas un fait nouveau. Depuis des décennies, (même sous l’ère Mobutu), le Rwanda a toujours été la base-arrière des groupes et mouvements rebelles qui ont perturbé la quiétude des populations du septentrion congolais. A maintes reprises, les habitants du Nord-Kivu ont dénoncé les incursions des Forces armées rwandaises (FAR) dans cette partie du pays.
A l’évidence, ce n’est pas la simple envie de déstabiliser le «grand voisin» qui motive ces incursions. Loin des crépitements des armes et des violences engendrées, ce sont les richesses minières et minéralières qui sont dans la lorgnette et le viseur du Rwanda.
Le rapport n’est certes pas allé au fond pour évoquer la question de l’exploitation clandestine des ressources dont regorge la RDC. Mais il est clair que l’instabilité créée et entretenue par Kigali cache des intérêts géostratégiques. Cette posture du Rwanda a même inspiré l’Ouganda qui entretient des relations incestueuses avec le groupe rebelle de l’AFD.
La RD Congo, immense par sa superficie et ses ressources est donc la vache laitière de ses deux voisins qui cachent mal leur manège. Le 6 juillet dernier à Luanda, sous les auspices de Joao Lourenço, les deux chefs d’Etat (congolais et rwandais) avaient tenté de désamorcer la crise en crevant l’abcès. Mais rien n’y fit. Le maître de Kigali avait botté en touche et dénoncé une supposée coopération entre l’armée congolaise et le groupe armé des Forces armées démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
Très remonté contre cette attitude de son voisin, le fils du Sphinx de Limete avait menacé d’entrer en guerre contre Kigali. A présent, que les responsabilités sont situées, quelle réponse apportera le pays de Paul Kagame pour sa défense ? Va-t-on enfin assister à une rencontre pour en finir avec ce double-jeu du Rwanda ?
Davy Richard SEKONE
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