Peut-être que s’il y a une qualité qui collera à la robe de la procureure de la CPI Fatou Bensouda pour la postérité, c’est celle d’opiniâtreté, surtout dans l’emblématique procès Gbagbo et Blé Goudé. Détour par un petit inventaire de cette «résistance» que d’aucuns qualifieront d’acharnement :
Malgré 4 600 pages de «preuves à charge» et le défilé de 96 témoins, Bensouda n’avait pas pu administrer le moindre indice de culpabilité du fondateur du parti frontiste ivoirien.
Lâchée par ses juges, elle concédera de guerre lasse, l’acquittement en première instance des célèbres prévenus et … fera appel, qui sera encore noyé dans l’absence des objets du délit. D’où l’acquittement à la mi-janvier 2019 de Gbagbo.
On pensait alors que cet acquittement prononcé pour ces 2 leaders ivoiriens avait douché d’une eau polaire la détermination de l’ex-ministre de la justice gambienne. Que nenni ! Elle vient, à travers l’ouverture d’un autre procès en appel ce 22 juin 2020, de démontrer qu’elle en avait à revendre, de la gouaille et de la pugnacité.
Et l’angle d’attaque qu’elle a choisi ne manque pas de répondant. Son bureau estime en effet que les juges ont donné le verdict de l’acquittement avant de le justifier. Un délibéré non motivé ! Et pour se justifier, ils ont pris six bons mois pour fournir leur mémoire. Un délai que le procureur juge déraisonnable pour expliquer une décision prise. «Erreur de droit et de procédure», martèlent ces juges qui veulent réparer cette injustice.
Cette tactique qui consiste à mordre avant de donner la raison paraît circonspecte aux yeux de la procureure et elle compte apparemment jouer à fond cette carte pour amener la Cour à reconsidérer le verdict donné par la première instance.
Cette énième tentative aurait fait sourire Gbagbo qui suit cette première journée en appel, depuis Bruxelles par visioconférence, elle aurait fait dire donc à Gbagbo que «c’est maïs», s’il n’y avait pas cette échéance, si près et si loin, et qui s’éloigne au fur et à mesure qu’il a toujours la compétence universelle à ses trousses, la présidentielle du 31 octobre, idem pour Blé Goudé qui s’est rendu au tribunal de La Haye à vélo. Car la procureure tâte là ou en justice, on peut facilement perdre un procès : la forme, laquelle forme tient le fond en l’état, une loi d’airain connue de tous les magistrats.
Mais en même temps aussi, exhalent selon certains un parfum politique dans ce tango judiciaire plusieurs pas.
Certains y verront peut-être des tentacules nourris par les veines de la politique et ses insoupçonnables ramifications et implications. Un procès à ce stade du processus électoral ne peut en effet que nuire au candidat potentiel du FPI en Côte d’Ivoire. La présidentielle n’est plus qu’à quelques encablures et ce regain de force de la part de Fatou Bensouda peut donner l’impression qu’elle fait tout son possible pour gêner éventuellement l’agenda électoral du «Woody de Mama» en terre d’Eburnie.
En tous les cas, c’est bien le camp de Alassane Ouattara qui pourrait tirer profit assurément d’une annulation de la décision d’acquittement de Laurent Gbagbo. Du reste, même si aucune décision n’est rendue dans l’immédiat, la procédure, qui a tendance à être d’une longueur exaspérante sous les dômes de la Haye, maintiendrait le candidat potentiel du FPI dans sa prison dorée, bruxellois sans possibilité d’aller communier politiquement avec ses compatriotes, encore moins de prétendre convenablement à la magistrature suprême.
Laurent Gbagbo et son «ex-ministre de la rue» Charles Blé Goudé doivent donc prier pour que les juges trouvent infondé l’acharnement de la Procureure, car si c’était le contraire, d’enfer, ils risquent de ne pas en revenir pour reprendre à rebrousse-poil le titre de l’ouvrage de Blé Goudé. Dans 3 jours, c’est-à-dire maintenant dans 48 heures, les 2 illustres personnalités ivoiriennes verront un peu plus clair dans ce procès à rebondissement. Mais d’ores et déjà, ils sont fixés que la Thémis de la CPI les veut plus dans les 9m2 de Scheveningen que parcourant la savane et forêt ivoirienne … en campagne électorale. Comme on dit à Abidjan : Gbagbo est garçon, littéralement un dur à cuire, mais il a trouvé aussi femme-garçon à la CPI dè ! Il en avait une dans son gynecée, mais là c’est autre histoire !
Ahmed BAMBARA
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