Avertissement de Paul Kagame à Victoire Ingabire : Une opposante prévenue…

Avertissement de Paul Kagame à Victoire Ingabire : Une opposante prévenue…

Un avertissement sans frais. Et une allusion sans équivoque. Devant des parlementaires, Paul Kagame a été on ne peut plus clair envers l’opposante Victoire Ingabire. Si elle continue de faire croire que ce sont des pressions extérieures qui lui ont valu d’être libérée par l’homme fort de Kigali, elle va se «retrouver de nouveau en prison» ou à «vagabonder hors du pays».

Si l’opposante voulait se convaincre que la récente et surprenante largesse du puissant du Rwanda n’avait rien à voir avec une quelconque ouverture démocratique, ces propos ont de quoi l’édifier une bonne fois pour toute.

Le Napoléon de 1994 a fait preuve de magnanimité. Point barre ! D’une très grande magnanimité même. Il ne faudrait  donc pas vite jouer les victorieux, au point de devenir impertinent et effronté. Sinon, il fera voir et avec la manière, que le Rwanda n’a toujours pas changé et qu’il demeure le maître incontestable et incontesté des lieux.

L’on sait très bien que l’homme mince de Kigali déteste l’idée que des Occidentaux puissent lui dire quoi faire dans son propre. Jaloux de son indépendance, tout au long de sa gouvernance, il l’a fait comprendre en s’émancipant des Français, puis des Américains qui l’avaient pourtant adopté. Grâce à cet attachement indécrottable à sa souveraineté, usant avec dextérité et sans modération aucune du génocide de 1994 pour chaque faire baisser la tête de ses vis-à-vis de par-delà la mer, il a réussi à faire du Rwanda l’un des rares pays africains à qui des pays occidentaux font une cour assidue, dont notamment la France. «Des pressions ici au Rwanda ?» S’est-il interrogé devant les honorables députés acquis naturellement qui ont crevé l’applaudimètre. Celui qui dirige le Rwanda, comme un PDG sa société jouit toujours d’une popularité certaine, et ce n’est pas sans raison qu’il a été reclus en 2017 et peut potentiellement rempiler jusqu’en 2030.

C’est justement avec cette aura qui éblouit ses pairs d’Afrique et enragent ceux qu’ils considèrent comme ses alter ego de l’autre côté de l’océan que l’homme fort du Rwanda construit l’essor de sa nation. La perdre signifierait renoncer à un avantage qui pourrait lui coûter beaucoup. D’autant plus qu’apparaît de plus en plus aux yeux de jeunes Africains comme ce Thomas Sankara qui a été arraché à la destinée de l’Afrique.

Mis dans la balance, il n’est pas besoin de consulter un marabout de Bamako pour comprendre que les réprobations qui fuseront après une réservation d’une salle dans les geôles du Rwanda pour Victoire Ingabire représenteront des cris d’orfraie pour les oreilles de Kagame. L’échec de la ministre des affaires étrangères rwandaise, Louise Mushikiwabo à l’élection à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie ? Ce serait une bonne victoire diplomatique de perdu. Mais sûr, cela n’enlèvera rien du locataire d’Urigwiro village, la présidence rwandaise. Alors, une opposante prévenue en valant cinq… surtout au pays des Mille collines.

Ahmed BAMBARA

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