Balladur droit dans ses pompes bien cirées sur Rapport Duclert sur le Rwanda : Un mémoire en défense boiteux et inopportun

Balladur droit dans ses pompes bien cirées sur Rapport Duclert sur le Rwanda : Un mémoire en défense boiteux et inopportun

C’aurait été Alain Juppé, on aurait dit qu’il est resté droit dans ses bottes, mais non ici il s’agit d’Edouard Balladur, qui a cohabité avec le «dieu de la politique française» François Mitterrand et qui sur le rapport Duclert sur le Rwanda demeure stoïque dans ses pompes toujours bien cirées.

L’exclusivité que l’ex-premier ministre a accordée à nos confrères de RFI et France 24, prend le contre-pied de Juppé, et même un peu d’Emmanuel Macron. L’opération turquoise ? Aurait pu bien faire, mais pas de quoi fouetter un chat !

Les éventuelles repentances et quelques brins de «regrets» ? Circulez Balladur n’en a cure ! Tout juste l’ancien chef de gouvernement se borne-t-il sibyllin, à évoquer la pulvérisation de l’avion du président Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994 et les doigts accusateurs sur le FPR pour justifier l’abjection !

Tirant la couverture sur lui, il indexe les boutefeux de l’entourage du président de gauche Mitterrand, lesquels va-t-en-guerre voulaient une équipée coloniale punitive, alors que lui tempérait les ardeurs. Et s’il a encouragé Mitterrand à mettre les pieds au pays des mille collines, c’est juste à titre humanitaire, circonscrit dans le temps et l’espace. Il s’inscrit en faux contre les infos du rapport Duclert qui mentionne, que lui Balladur aurait voulu faire interner dans la zone verte française le gouvernement génocidaire. Et la totale c’est qu’il dit de tourner les regards vers les USA et la Belgique, la France a brûlé elle sa part de poudre !

Que dire de ce mémoire en défense d’Edouard Balladur ? Il aurait dû se taire ou à tout le moins être plus mesuré, d’abord parce que le rapport Duclert est un travail sérieux commandité par le président de la République française Emmanuel Macron, et accompli par 14 historiens. Du boulot exécuté tout de même par des professionnels.

Ensuite, si l’on prend point par point, les éléments invoqués par l’ex-premier ministre, il n’apporte aucun indice contradictoire à ce qu’avance le Rapport Duclert sur le Rwanda. Qu’évoque-t-il de nouveau à ce qui est dit sur l’opération Turquoise ? Que dit-il de ce qui s’est passé sur la colline de Bissessero ? Rien !

Ensuite, même ayant été premier ministre, Balladur n’a qu’une connaissance pelliculaire de l’Afrique, les Africains gardent surtout de lui l’image du «dévaluateur du Franc CFA» en 1994, un point, un trait !

Cette sortie qui se veut une explication du génocide rwandais, voire, une excuse absolutoire des dirigeants de l’époque est ratée.

Encore que le rapport Duclert parle de «responsabilité de la France, mais pas de complicité». Enfin à l’heure ou Emmanuel Macron tente de briser la glace qui demeure toujours épaisse entre les deux pays, une telle ruée dans les brancards est inappropriée et tombe mal. A moins que Balladur ne veuille anticiper sur une probable demande de pardon de la France que  pourrait  prononcer Macron en Mai prochain à kigali lors de son séjour ! Lui Balladur si précautionneux et très réfléchi, comment peut-il vouloir sur de simples témoignages personnels, les siens, invalider le travail d’une dizaine d’historiens ?

Personne ne lui a demandé de battre sa coulpe, mais le rapport a exhumé des faits, certains vrais, d’autres faux ou extrapolés, mais imagine-t-il qu’entre la France et le Rwanda, il puisse y avoir pour l’éternité ces relations toujours tendues ? Non Monsieur Balladur, les Rwandais ne vous suivent pas, ni les Africains d’ailleurs et vous n’étiez pas obligé de répondre vertement à Juppé, à Kagame et à …. Macron.

Car c’est au final à eux que vous répondez en prenant à rebrousse-poil la tendance pour tous, qui est à l’apaisement via une solution qui ne déshonorera personne. En quoi demander pardon ou avoir des regrets est-il signe de faiblesse ? Et si à Kigali, au nom  de la France, Macron vous désavouait  en prônant la repentance ?

Sur l’abjection rwandaise, 27 ans après, le temps est venu de chercher à fermer les blessures et à ne pas continuer cette guérilla mémorielle .

La rédaction

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