Chapeau bas à Amadou Ba comme Abdou Diouf l’a fait en 2000 et Wade en 2012 aussi après quelques velléités, Amadou Ba, le porte-étendard de Benno Bokk Yakaar, du pouvoir a fait un bref entretien hier, sur le coup de 16 heures pour féliciter «le président Diomaye Faye», lui souhaitant des vents favorables. De même Macky Sall lui a emboité le pas sur sa page X. Le match est plié avant le coup de siflet final de la CENA. Le Sénégal est un grand pays de démocratie, avec des institutions républicaines fortes, mais aussi des hommes politiques patriotes, qui savent que les hommes passent, mais la Nation reste !
Voici venus les jours d’un impromptu président au Sénégal, candidat atypique qui gagne aussi au 1er tour, une première au Sénégal, qui en dit long sur la volonté des Sénégalais d’un changement.
Un peu un destin à la Mandela, même si la comparaison est osée, car BDF comme l’appellent ses ouailles, n’a pas fait 27 ans sur une île à casser des cailloux, le PASTEF n’est pas l’ANC, et il n’est que le plan «B» d’un parti qui a cru jusqu’au bout au grand soir et qui l’a réalisé avant inventaire des résultats de la CENA !
Car en attendant mercredi ou vendredi prochain, pour la publication de ces résultats, comme à l’accoutumée, les médias qui se sont appuyés sur les dépouillements auxquels ils ont assisté, ces confrères plus d’autres voix qui préfèrent encore être anonymes, créditaient déjà l’alter ego d’Ousmane Sonko d’une élection à un tour au scrutin du 24 mars dernier. Bingo. C’était dimanche soir.
Sans attendre la CENA, son challenger principal, qui portait les couleurs de la coalition au pouvoir, a fait une sortie hier 25 mars dans laquelle, il a reconnu sa défaite et souhaité tout le bien à Diomaye Faye, qui engrange 53% et lui 36%. Sorti de prison seulement le 14 mars 2024. Il aurait même pu être élu, étant embastillé. Ainsi donc, la «rupture», la logorrhée antisystème a eu le dessus sur la continuité.
Scènes de liesse «des pastefisés» au QG depuis d’ailleurs la fermeture des bureaux de vote, qui fêtaient déjà une victoire que chacun sentait en plein nez y compris dans le camp apériste ! Ils avaient raison, en une nuit l’OVNI politique Diomaye devient le 5e président du Sénégal, à 44 ans ! Une prouesse dans ce pays !
Les problèmes qui turlupinent la jeunesse (chômage) les préoccupations régionales comme à Ziguinchor, le fief de Sonko, avec ses questions de liaisons fluviales à Saint Louis, future ville gazière, dont beaucoup attendent les dividendes, toutes ces questions, les réponses du PASTEF ont convaincu. Sans oublier que le ralliement du PDS, qui a rejoint le camp du PASTEF a pesé aussi.
C’est un séisme politique, car si Diomaye Faye était connu au sein du PASTEF, il n’était pas un ténor du microcosme politique, une surprise, surtout qu’il est le plan «B » d’un parti dissous, combattu et ostracisé par le pouvoir sortant lequel aura tenté d’empêcher l’avènement du PASTEF au pouvoir, et qui a échoué.
De la prison au palais de l’Avenue Roume, c’est inédit, surtout après le tangage politique et judiciaire au long cours, qui a fait craindre que la démocratie ne se saborde pas sur l’autel des intérêts partisans. C’est une leçon de chose politique que le Sénégal administre à l’Afrique, à la sous-région, une leçon dont les professeurs sont la jeunesse sénégalaise, qui a cru au PASTEF, en Ousmane Sonko et en BDF et qui ont lutté pour concrétiser ce rêve.
Qui l’eut cru ? Il y a 10 ans, radiés de l’effectif des Impôts où ils étaient inspecteurs, Sonko et Diomaye avaient comme patron un certain Amadou Ba (DGI), et une décennie après, ils tiennent leur revanche. Et quelle revanche !
Il a un grand destin ce BDF diront certains, même si nul saltiqué (voyant) n’aurait pu prévoir, car après tout avec Diomaye, on peut dire qu’on ne devient pas président, mais on naît président. Sinon, c’est Sonko qui aurait dû en être. Mais, c’est tout comme …
Zowenmanogo Dieudonné ZOUNGRANA
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