Bassolma Bazié, suspension de salaires et application de l’IUTS : «Nous agirons pour obtenir l’annulation des mesures répressives»

Bassolma Bazié, suspension de salaires et application de l’IUTS : «Nous agirons pour obtenir l’annulation des mesures répressives»

La coalition de syndicats qui avait appelé à une grève générale du 16 au 20 mars dernier était face à la presse, le mardi 31 mars 2020 à Ouagadougou. Leur porte-parole, Bassolma Bazié, au cours de la rencontre a déploré d’une part, le fait que malgré les concessions faites par les syndicats compte tenu de la pandémie du coronavirus, les autorités aient choisi d’abattre une répression sauvage sur les travailleurs et d’autre part, une mauvaise gestion de la pandémie du Covid-19. Nos organisations mettront en œuvre toutes les actions pour obtenir l’annulation des mesures répressives injustes déclenchées par le pouvoir MPP mais également pour faire aboutir la plateforme contenue dans le préavis de grève du 27 février 2020.

 

Face à la détection de cas de Covid-19 à Ouagadougou, les syndicats qui avaient prévu des frappes chirurgicales et précises ont dû revoir leurs ambitions. C’est ainsi que les perspectives ont été réaménagées compte tenu de la situation. Il s’est finalement agit :

de la suspension des marches-meetings prévues le 17 mars 2020 sur l’ensemble du territoire national ;

du maintien de la grève de 120 heures allant du 16 au 20 mars 2020 avec cependant l’invite faite aux travailleurs de rester chez eux pour éviter des rassemblements importants ;

de l’instauration d’un service minimum dans les secteurs des hydrocarbures, des transports sous la supervision des syndicats desdits secteurs ;

de l’exclusion totale ou partielle de certaines sous-sections du SYNTSHA de l’exécution du mot d’ordre de grève (CHU-Tengandogo à Ouaga, les postes de contrôle sanitaire frontaliers, les communes de Boromo et Siby) à la fois pour cause de coronavirus et de rougeole.

«En réponse aux concessions importantes que nous avons faites compte tenu de la situation, les autorités ont choisi d’exploiter la situation pour abattre une répression sauvage sur les travailleurs», a déclaré le porte-parole de la coalition syndicale, Bassolma Bazié. Les syndicats ont fait les observations suivantes sur les mesures du gouvernement :

plus de 90% des travailleurs dont les salaires sont suspendus relèvent du MENA/PLN ;

le gouvernement est en manque d’arguments pour justifier les répressions ;

les listes transmises en vue des suspensions de salaires ont été établies sur des bases subjectives. Ainsi, on compte des travailleuses en congé de maternité, des agents en stage dans les écoles de formation, etc.

Des dires du porte-parole de la coalition, en choisissant de répondre à la plateforme et au mouvement de lutte citoyens, des organisations syndicales par le silence méprisant et la répression sauvage, le pouvoir MPP envoie au peuple et aux travailleurs le message sans ambiguïté ci-après : «Nous, pouvoir MPP et associés, décidons de nous ranger résolument dans le camp des prédateurs de la richesse nationale du Burkina en leur assurant l’impunité, affirmons notre incapacité à garantir aux populations le droit à la vie et la justice comme s’y était engagé le président du Faso dans son serment d’investiture le 20 décembre 2015. Mais nous utilisons la puissance publique de l’Etat pour détruire les syndicats qui osent parler et le dénoncer». Bassolma Bazié a souligné qu’il s’agit là de la réunion d’ingrédients d’une  fascisation du pouvoir.

Les conférenciers du jour ont expliqué que le gouvernement a choisi de bafouer la loi et les différents textes qui encadrent la grève et l’administration publique, avec le secret espoir d’en finir avec leurs organisations. «Ce rêve, de nombreux pouvoirs l’ont nourri mais ils n’ont jamais réussi à briser les organisations authentiques des travailleurs», a indiqué M. Bazié. La conviction des syndicats, est que les travailleurs ont l’expérience et les ressources nécessaires, non seulement pour résister à la répression mais aussi, pour contraindre le gouvernement à prendre en compte les préoccupations à lui soumises. A l’endroit de ses camarades, il a rappelé que les différentes mesures répressives engagées par le gouvernement ne doivent pas les détourner de leur pateforme revendicative. Il a donc invité les travailleurs à la sérénité malgré la situation dramatique que connaît le pays, situation dans laquelle les hommes du pouvoir assument une grande part de responsabilité à exécuter les consignes et les mots d’ordre, à rester à l’écoute de leurs responsables. «Nos organisations mettront en œuvre les actions nécessaires pour obtenir l’annulation des mesures répressives injustes déclenchées par le pouvoir MPP et ses alliés mais également pour faire aboutir la plateforme légitime contenue dans le préavis de grève le 27 février dernier», foi de la coalition.

Une pandémie mal gérée au Burkina

Concernant la gestion de la pandémie qui «est prise comme un prétexte royal par le pouvoir pour se permettre tout, les mesures prises présentent des insuffisances notoires, liées essentiellement à l’absence de concertations avec les acteurs et les populations, ainsi que de mesures d’accompagnement en vue d’atténuer une quelconque conséquence desdites mesures».

Ainsi, selon Bassolma Bazié, de nombreux malades dans la détresse peinent à obtenir une prise en charge contrairement aux annonces et aux assurances du Centre des opérations de réponse aux urgences sanitaires (CORUS); certaines formations sanitaires sont démunies et les agents de santé sans protection digne de ce nom, se démènent pour venir en aide aux populations avec un sentiment d’impuissance ; la fermeture des marchés et yaars, la mise en quarantaine de certaines villes plongeant ainsi une frange importante de la population dans le désarroi et dans l’incertitude totale du lendemain ; des dérives ont cours dans l’application du couvre-feu, encouragées par le gouvernement à travers son porte-parole, en dépit du recadrage public du procureur. «Notre coalition exige du gouvernement des mesures d’accompagnement en faveur des populations en détresse ainsi que des mesures de protection des travailleurs du public comme du privé», a-t-il précisé .

Aline Ariane BAMOUNI

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