Ainsi donc la tempête qui était annoncée et qu’on voyait venir depuis belle lurette a fini par arriver sur les rivages du RHDP. Et elle est en train de faire des ravages. A moins d’un revirement ou d’un développement nouveau dans l’actualité des bords de la lagune Ebrié, cette bourrasque vient d’emporter la principale infrastructure de cet attelage politique qui a fait plier les opposants en Côte d’Ivoire.
En effet, dans un communiqué, Henry Konan Bédié a annoncé que le PDCI se retirait du processus qui doit conduire à la création du Parti unifié RHDP. Sans vouloir trop soliloquer, il n’est pas besoin d’un dessin pour savoir que le plat de la rupture est aux trois quarts consommé. Le divorce est publiquement annoncé. Car si le Parti unifié RHDP naît, le RDHP ancien devra mourir et avec lui, ce pacte non écrit et tous les engagements et liens qui avaient été noués. Bédié et Ouattara, c’est donc fini !
Mais ce n’est guère surprenant. Les ingrédients étaient réunis depuis longtemps pour aboutir à ce dénouement. La coalition a porté en elle-même dès le départ les germes de sa dislocation : le fameux pacte où le RDR devrait céder le pouvoir à la fin du deuxième mandat d’Alassane Ouattara. Henry Konan Bédié a bridé ses troupes et ses ardeurs pendant près d’une décennie, caressant l’espoir que la machine du RHDP sera déployée au moment indiqué pour lui permettre, du moins à celui que le PDCI aura choisi, de s’asseoir sur le fauteuil présidentiel.
Les doutes ont commencé à germer lorsque la modification constitutionnelle a laissé entendre qu’Alassane Ouattara pouvait ne pas céder le sceptre du pouvoir à la fin de son mandat. Le doute est devenu angoissant lorsqu’il a dit lui-même qu’il faudra attendre en 2020 pour qu’il dise si oui ou non il lâchait le pouvoir. Le souffle de la trahison a dû ce moment-là balayer le front du vieux routier de la politique ivoirienne. Il est devenu brûlant lorsque son allié d’hier a décidé d’unifier le RHDP sans lui, allant jusqu’à piocher dans ses propres rangs.
Et pour lui couper les ailes, cette amnistie accordée aux prisonniers de la crise postélectorale, achevant de ratisser large et surtout, d’arrondir les angles avec celui qui a toujours son mot à dire dans le landerneau politique ivoirien : Guillaume Soro.
On se demande maintenant quelle posture Bédié va adopter. Que va-t-il faire ? Comment va-t-il digérer cette déconvenue ? Après ce divorce, quel allié sera dans son viseur ? Le FPI, allié désormais naturel ? Guillaume Soro, allié de circonstance ? Quoi qu’il en soit, ce serait curieux que HKB n’ait pas prévu un plan B pour le cas où ce cas de figure venait à se présenter.
Quoi qu’il en soit, d’ici à 2020, beaucoup de vases peuvent être remuées dans les eaux de la lagune Ebrié. Et le jeu des alliances pourrait révéler des surprises.
Ahmed BAMBARA
COMMENTAIRES