Décidément, les Algériens ne feront pas comme les autres ! Un président de la république obligé de mettre fin à son mandat par la seule force des vociférations de la rue, sans effusion de sang (même si le discret coup de canne de l’armée a un peu aidé !), des manifestations chaque vendredi, une présidentielle où il n’y aura pas de candidat et la dernière, qui se joue actuellement, un président par intérim dont la durée de l’intérim est échue mais sans scénario pour discuter de son remplacement.
De fait, Abdelkader Bensalah, ci-devant président du Conseil de la nation (équivalent du sénat), poussé pratiquement sur le front pour le faire asseoir dans le fauteuil présidentiel laissé vide par un président lui-même poussé dans la nuque vers la sortie, reste président de l’Algérie. Malgré lui. Jamais un siège présidentiel n’a été aussi inconfortable pour celui qui l’occupe ! C’est le 9 avril 2019 qu’il a été «nommé» président de la République. Sa mission était simple : organiser une élection présidentielle et dégager le plancher avant le 90e jour.
Malheureusement pour lui, sous le regard grondant de la rue, il n’y a eu que deux candidats qui se sont bousculés à la porte du Conseil constitutionnel au moment où celle-ci était close. Donc, pas d’élection. Et l’Algérie se retrouve au bord d’un précipice dont il ne voit pas le fond que la Constitution n’a pas pris le soin de combler.
Maintenant, que faut-il faire ? Abdelkader Bensalah n’est en principe plus président de l’Algérie quand les 12 coups de minuit sonneront le 10 juillet 2019. Faut-il considérer que le pays est sans président à compter de cette date ? Si cette considération tient, ce serait dangereux puisqu’il n’y a plus personne en réalité pour le remplacer. L’Algérie serait alors acéphale.
Faut-il le considérer toujours comme président ? Abdelkader Bensalah tomberait alors dans la plus parfaite illégalité. Il ne sera assis sur aucune base juridique et toutes les décisions qu’il prendrait tomberaient alors sous le coup de l’arbitraire et de la nullité.
Que faut-il faire ? La question est redondante. Mais elle doit l’être aussi dans la tête de bon nombre d’Algériens. Toutefois, la rue avait donné sa solution depuis belle lurette. Et si on l’avait écoutée, on ne serait pas dans cette situation ubuesque qui pourrait faire manger sa casquette au plus chevronné des constitutionnalistes !
Il faudrait alors convenir et accepter la première des revendications de cette pacifique mais déterminée rue algérienne : que les dirigeants proches de Bouteflika s’éclipsent, y compris donc Bensalah et un certain général Gaïd. Ensuite, que les «reliques» juridiques (Constitution et compagnie) de l’ancien régime soient démontées. Que l’ensemble du peuple algérien s’asseye autour d’un arbre à palabre et choisisse un organe consensuel et dépouillé de tout esprit partisan qui se chargera de toiletter le pays et ses hommes de fond en comble afin d’asseoir un nouvel ordre démocratique accepté de tous et orienté vers le développement intégré de tous. Et à ce moment pourrait alors intervenir une élection présidentielle où tous les candidats pourraient se lancer à la conquête du pouvoir à armes égales, avec le libre choix libéré du peuple algérien de désigner ses nouveaux dirigeants.
Si cette formule n’est pas acceptée, une autre devra être trouvée. Ne serait-ce que pour que les Algériens footballeurs continuent leur CAN en sachant à qui ils présenteront leur coupe si jamais ils venaient à la remporter !
Ahmed BAMBARA
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