Yoweri Museveni a mis le pied de Paul Kagamé à l’étrier. Mais depuis lors, les embrouilles ont brouillé les dimensions de la bonne entente entre le mentor et sa pupille. Les présidents rwandais et ougandais sont plongés depuis quelques temps dans des bisbilles où sont dégainées des accusations de part et d’autre.
Des flèches diplomates sont décochées régulièrement entre Kigali et Kampala. Le Rwanda accuse l’Ouganda de torturer ses ressortissants et celui-ci déclare que les compatriotes de Kagamé jouent aux espions entre ses murs. A titre illustratif, une quarantaine d’entre eux ont été arrêtés en juillet 2019 par les services de renseignement ougandais, les accusant d’être à la solde du régime de Kagamé et d’ourdir des choses pas catholiques contre Kampala.
Des tentatives de désamorcer ces tensions ont couru les rues, mais elles restent cependant vives. Les dernières en date ont eu lieu dimanche à Luanda. Les présidents Félix Tshisekedi et João Lourenço tentent bien de rapprocher les bords, les sourires de façade sont affichés sur les visages, mais l’abysse reste profond entre ceux qui pourtant s’entendaient très bien hier.
Le sommet de dimanche a-t-il réellement dissous le sucre ? Rien n’est moins certain. Du reste, il ne faudra pas beaucoup de temps pour le savoir. Un contrôle d’étape est prévu pour s’assurer que les engagements pris à Luanda sont respectés de part et d’autre. Par ailleurs, un autre sommet est prévu ce 21 février 2020 pour voir les trous qui n’ont pas encore été comblés et tenter de le faire.
En attendant, il faudra aller chercher dans les fibres panafricanistes de Paul Kagamé et les élans patriotiques de Museveni pour essayer de mettre fin à ces bisbilles qui ne sont pas pour honorer les deux pays et les deux hommes.
La tentative de déstabilisation avérée ou supposée que les deux camps se rejettent l’un sur l’autre, qu’elle soit vraie ou relevant d’une paranoïa exagérée n’est pas une bonne publicité pour une Afrique qui a hérité de frontières balkanisantes et dont elle devrait plutôt travailler à défaire les entraves ankylosantes. Il est donc temps que la raison prévale entre Kampala et Kigali et que cessent ces querelles byzantines.
Ahmed BAMBARA
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