Sans doute, lorsque «l’ex-ministre de la rue» de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé recevait son passeport hier lundi 30 mai des mains de Hamza Sallah, l’ambassadeur ivoirien aux Pays-Bas, il a vu défiler dans son cortex, son arrestation au Ghana, le 17 janvier 2013 à Accra, son retour à Abidjan, son transfèrement au bagne moderne de Scheveningen, et surtout l’interminable procès avec son coaccusé et mentor, l’ex-président ivoirien Gbagbo et enfin son acquittement !
Acquitté en mars 2021 par la CPI pour les chefs d’accusation de crimes contre l’humanité, lors du long cahotement politico-militaire de l’après-élection, de 2010-2011, avec à la clef 3 000 victimes, le patron du COJEP en recevant ce précieux sésame, a également une idée qui lui traverse l’esprit laquelle idée ne l’a jamais quitté d’ailleurs : le pouvoir… suprême ce coup-ci.
La réception de ce passeport, on le sentait venir car lorsque le président Alassane Ouattara a envoyé son chef de cabinet, Claude Sahi Soumahoro s’enquérir de la vie de Blé Goudé, à La Haye, le 5 avril dernier, chacun devinait que les choses se décantaient pour le truculent jeune homme politique.
Maintenant qu’il a son passeport, plus rien ne s’oppose à son retour, plus rien sauf que des soucis judiciaires notamment une condamnation de 20 ans de réclusion pour «braquage de la BCEAO», mais aussi un avenir politique. Mais lequel ?
Même de loin, il n’a jamais donné de consigne qu’il s’alignait derrière Gbagbo ou qu’il ferait chorus derrière le RHDP de Ouattara, même si beaucoup subodorent un probable deal entre Blé Goudé et le chef de l’Etat ivoirien.
La Lagune Ebrié a bougé depuis son départ forcé pour la Haye, de nombreux acteurs sont morts, cassés ou rasent les murs. Le paysage politique est complétement chamboulé. Blé Goudé a beaucoup appris, il est tenace, madré, mais le landerneau politique ivoirien est devenu aussi plus fangeux et de nombreux vieux caïmans regardent l’arrivée de ce jeune saurien avec méfiance. Le COJEP a son monde, mais il lui faudra savoir où il met les pieds. S’il n’a jamais fait mystère qu’il guigne le palais présidentiel de Cocody, il sait qu’il lui faut des alliances et sans doute il sait aussi que 2025 sera un training, une mise en jambe pour d’autres joutes électorales à venir, il est quinqua et a le temps avec lui !
D’enfer il est revenu, pour reprendre son livre éponyme, mais selon qu’il saura bien se positionner, c’est soit le paradis qui l’attend, soit encore un autre enfer car la marche vers la présidence et il le sait, ne sera pas une promenade de santé même pour un jeune dur à cuir comme lui. A commencer par ce corset judiciaire qu’il devra résoudre dès sa descente d’avion à Abidjan.
La rédaction
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