Blocus d’un convoi militaire français à Kaya : La posture de la « France  bouc émissaire» est un pis-aller

Blocus d’un convoi militaire français à Kaya : La posture de la « France  bouc émissaire» est un pis-aller

C’est une des variantes du prurit du vrai-faux sentiment anti-français qui a cours au Sahel ces derniers mois qui s’est déclinée ces trois derniers jours (jeudi, vendredi, samedi) à Kaya, ville située à 100 km au Nord de Ouagadougou. Couchés à l’entrée de la ville, des jeunes se sont opposés à l’entrée de ces poids lourds qui cheminaient vers le Niger dans la localité.  Des camions militaires français qui avaient pu passer sans véritables couacs les étapes de Bobo et Ouaga, qui étaient pourtant autant de check point du convoi qui fut donc arrêté net à Kaya.

En dépit de plusieurs négociations, les bloqueurs n’ont rien voulu entendre et ont obligé les militaires français à rebrousser chemin non sans avoir ouvert auparavant les conteneurs où il n’y a que des vivres et après avoir inondé les réseaux sociaux d’une prétendue prise de guerre: un supposé drone français, abattu par un lance-pierre d’un gamin. Soit dit en passant même un détachement militaire en partance pour Barsalogho a dû montrer patte blanche avant de passer le cordon des bloqueurs.

On a exulté à Kaya dans la nuit, le jeudi 19 novembre au milieu de la RN3,on a dansé, des gens ont préparé à manger aux partisans de blocus qui y ont passé la nuit. On a voué aux gémonies la France prétendument responsable de la dégradation sécuritaire ou plutôt incapable d’améliorer l’existant terroriste au Burkina dont la dernière attaque celle d’Inata (57 tués) a été l’élément déclencheur. Lequel n’a pas concerné que l’ex-Métropole mais surtout les autorités du pays à commencer par le chef de l’Etat Roch dont les manifestants de quelques villes demandent le départ. Que reproche-t-on au juste à la France ? De ne pas pouvoir en finir avec les terroristes ? De guigner les richesses du sahel (or, pétrole nappe phréatique) ? Pire, d’aider les terroristes en les recrutant et  entrainant où ? Nul ne le sait.

D’en vouloir à Roch d’avoir refusé les sanctions que Jupiter veut infliger au Mali ? De poursuivre donc la Françafrique dont Macron a célébré les funérailles le 28 novembre 2017 à Ouagadougou ?

Mais, demander des preuves, des faits, des indices de toutes ces accusations ce sera du bidonnage dès qu’on dit de prouver, ce sera «quedal». La France a bon dos aujourd’hui de prendre les coups car si Serval a été adoubé, Barkhane l’a été moins.

Et même qu’elle est accusée d’avoir aggravé les choses au Sahel. N’oublions pas que si le Burkina a perdu des centaines de FDS, de civils et VDP, la France en a connu pareil avec une cinquantaine de soldats tués. Il y a lieu donc de signifier à l’ex-colonisateur les mécontentements des Burkinabè sur un certain nombre de faits sans pousser le bouchon jusqu’au fond et céder à la provocation.

A Kaya, derrière cette bravade de la France que les bloqueurs ont voulu prouver on a frôlé le pire. Que serait-il advenu si un tir était parti de n’importe où et qu’on déplorait des victimes ?  Qu’a gagné le Burkina en faisant ce blocus ? RIEN ! Car montrer qu’on peut immobiliser un convoi militaire français n’est pas la solution à la question sécuritaire au Burkina. Aux dernières nouvelles, le convoi controversé est revenu sur ses pas en direction de Ouagadougou. Mais rien ne dit qu’il ne connaîtra pas d’autres épreuves similaires à celle de Kaya. Des alertes et appels à faire barrage à ce convoi sont lancés dans plusieurs villes (Koupéla et Fada- N’gourma) de la Nationale 4 que beaucoup désignent comme itinéraire de secours.

Il ne faut pas se tromper de combat, ni de guerre, ni d’ennemi jusqu’à ce que la preuve soit administrée que la France n’est pas un ennemi déclaré du Burkina. Ne donnons pas raison à Senghor pour une fois soyons Hellènes voire helléniques (stoïques et raisonnables).

Cependant, il faudra préciser tout de même que si ce qu’on appelle sentiment anti français qu’on a vu il y a quelques années en Côte d’Ivoire et récemment au Mali : au Sénégal et maintenant au Burkina Faso c’est dû également au louvoiement de cette France qui tape sur le Mali, tolère le Tchad et tient un discours qu’on sent qu’il est causé par un recul de son influence et l’arrivée d’autres puissances comme la Chine, la Russie et la Turquie.

La rédaction

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