Ni l’âge du capitaine 70 ans, ni le bilan mitigé de son pygmalion, le président sortant Muhammadu Buhari (même si Bola s’enorgueillit d’avoir fait gagner Buhari en 2015), ni la crise du nouveau Naira et des hydrocarbures n’ont pu donc empêcher le champion de l’APC le parti au pouvoir de faire le un coup-KO !
Selon les statistiques de l’INEC, il aurait recueilli 8,8 millions des voix des votants. Le taux de participation tourne autour de 25%, très faible. Il n’y aura donc pas de second round rêve caressé par Peter Obi, le relatif jeune du parti travailliste (61 ans), idole des jeunes qui était au-devant des suffrages à Lagos. Grise mine également pour le porte étendard du PDP, le traditionnel opposant qui est à son 7e essai Atiku Abubakar, puisque c’est de lui qu’il s’agit à 76 ans devrait prendre sa retraite politique. Peter Obi du parti travailliste, voit son rêve brisé et devra mieux se pourvoir en 2027.
Pourquoi Bola a-t-il raflé la majorité des suffrages ? Le secret de cette victoire réside d’abord dans son ombre derrière d’importantes nominations, dans son fief, il est un homme de l’appareil APC dont il a gravi tous les paliers. Sa gouvernance à la tête de Lagos entre 1999 et 2006 qui fut exemplaire a rassuré, car il a fait de bonnes choses et a promis de l’appliquer à tout le Nigeria. APC contrôle 25 Etats sur les 36 que compte le pays.
Ce Yoruba pur jus est aussi un homme des réseaux et peut dîner avec le diable avec une longue cuillère, ce qui l’a poussé d’ailleurs à nouer des alliances avec certains de ses adversaires. Enfin, ce n’est pas superfétatoire de le dire, qu’il a le nerf de la guerre : il possède une colossale fortune au sujet de laquelle ses rivaux l’accusent d’avoir volé. Bref, le «parrain» possède indubitablement des atouts qui sont autant un marchepied vers Aso Rock, la présidence nigériane.
Quant à son état de santé, on le dit atteint de la maladie de Parkinson, du sport sur vélo à domicile, le septuagénaire est venu balayer cette allégation. Voici le «faiseur de roi» au sein de l’APC, roi lui-même, concrétisant son slogan de campagne qui agaçait autant qu’il séduisait : «Emi Lokan» c’est mon tour ! Le «Boss» autre sobriquet du vainqueur est désormais élu en attendant les éventuels recours et la confirmation par la Cour constitutionnelle, il est au sommet d’un géant rongé par de multiples problèmes que lui lègue son prédécesseur : Boko Haram, violences diverses, chômage des jeunes…
Pourra-t-il dupliquer son œuvre comme gouverneur de Lagos à tout le Nigéria ? C’est le grand piège de cette victoire que devra éviter Bola Tinubu, en réussissant à satisfaire les désidératas de ses compatriotes.
La Rédaction
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