«Boutef» candidat à un 5e mandat  : Si les Algériens veulent d’un valétudinaire, qui s’en plaindra ?

«Boutef» candidat à un 5e mandat : Si les Algériens veulent d’un valétudinaire, qui s’en plaindra ?

Ainsi donc Abdelaziz Bouteflika, perclus par la maladie dans la station balnéaire de Zeralda, à une vingtaine de km d’Alger, est candidat à un 5e mandat en avril 2019. Tel est le vœu du FLN, le parti historique et majoritaire, via la bouche de son SG, Djamel Ould Babès, qui l’a laissé entendre devant un aréopage de députés. Le FLN n’a fait qu’extérioriser ce que l’entourage, les zélotes et autres thuriféraires pensent et distillent. Mais ce que l’une des matrices du pouvoir extériorise, est en vérité le vœu le plus cher, de celui qui devait passer pour la postérité comme le meilleur ministre des affaires étrangères de Houari Boumediene, sinon de l’Algérie.

En effet dès son retour aux affaires en 1999 après une longue traversée du désert, il donnait déjà la mesure de son appétit illimité pour le pouvoir, lançant à celui qui était alors son directeur de cabinet, Ali Benflis : «Nous allons faire deux mandats, et puis modifier la Constitution». En novembre 2008, à coup de prothèses, il charcuta la constitution et commença son règne à vie. Pourquoi une telle appétence pour le pouvoir suprême, malgré les séquelles de cet AVC, qui le prive de ses articulations, et même de paroles sans le discret micro qui amplifie sa voix depuis avril 2013 ?

Les Algerologues et certains qui étaient du sérail avant d’en être écartés, penchant pour la thèse de la revanche : «Boutef» n’a jamais digéré d’avoir été écarté en 1978 du pouvoir. Au décès de Boumediene, les militaires ont en effet préféré le colonel Chadili Bendjedid, à lui. Il se vengerait donc de la soldatesque en se servant d’elle et de tous les services de renseignements. Méthodiquement, il a coupé les têtes de généraux tels que le Gl Mohamed Mediene dit «Toufik» et remplacé par le Gl Athmane Tartag, dissous les services de renseignement qu’il a restructuré, et qui lui sont fidèles puisqu’ils répondent de la présidence. En outre, les hobbies de tout acabit sont «domestiqués», sauf quelques médias qui regimbent.

Ensuite, arc-bouté à son étoile d’homme providentiel, il est convaincu qu’il est né pour une mission quasi messianique : gouverner l’Algérie jusqu’à la fin. D’où le surnom de Zaim littéralement demi-dieu, démurge qu’on lui colle à la peau. Politiquement, il peut jouer sur les jeux des chaises musicales, qu’il opère à sa guise, et sur les dernières législatives du 4 mai 2017, où le FLN et le RND acquis à sa cause, ont obtenu 264 députés sur 462. Si donc, en dépit de certaines voix discordantes telles celles de l’ex-ministre Ahmed Taleb Ibrahimini, l’avocat et ancien ministre aussi Yahai Abdennoun et du général à la retraite Rachid Benyelles qui dans une tribune l’appelaient à faire le deuil d’un 5e mandat, et que cette velléité persiste, c’est que «Boutef» tient toujours le gouvernail via un cercle très restreint : à commencer par l’autre Bouteflika, Said, son frère de médecin, le chef d’état-major et vice-ministre de la défense le Gl Ahmed Gaid Salah, sans oublier la brochette d’actuel et d’anciens premiers ministres, qui se voient déjà au palais d’El Mouradia, au cas où… On cite Ahmed Benfils, Aldelmalek Sellal, ou Ahmed Ouyahia… Les mêmes sont naturellement des dauphins putatifs. Qui au final gouverne l’Algérie et décidera de la dévolution du pouvoir dans l’optique de l’après Bouteflika ?

Lui-même d’abord, on le dit diminué, mais possédant toujours ses facultés intellectuelles, et si l’AVC le convainc à gouverner à distance, ce n’est jamais par procuration et ceux qui le croient s’en mordent les doigts. Ce ne sont pas les coups de semence qui ont manqué : l’opposition, certains Algériens confrontés à un quotidien difficile, voudraient bien une mobilité politique, un vent de changement. Mais si «Boutef» a résisté aux printemps qui ont décoiffé des raïs, tels Ben Ali ou Moubarak, c’est qu’il possède toujours le pouvoir et s’il a déserté le palais d’El Mouradia, depuis son fauteuil roulant du bord de mer de Zeralda, il est toujours le maître et entend le rester. Et si les Algériens consentent à reconduire le valétudinaire de 81 ans en avril 2019, qui s’en plaindra ? .UNE

La Rédaction

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