Quiconque connait les péripéties de la politique togolaise depuis les années 90 à nos jours, croirait à la même histoire, avec à peu près les mêmes acteurs, les mêmes revendications, les mêmes solutions éculées et surtout, la confrontation entre deux groupes, les Gnassingbé contre les autres agglomérées dans l’opposition. Le boycott des législatives du 20 décembre prochain par l’opposition rentre dans cet air «déjà vu», cet éternel recommencement, dans un Togo balloté entre une opposition, qui n’a jamais goûté aux délices de l’alternance, et un pouvoir qui depuis plus de 40 ans est dans les mains de la même famille, qui use de tous les moyens pour encore le garder.
«Pas question de participer à ces élections trompe-l’œil» avaient martélé, les Gilchrist Olympio, Yao Agboyibor, Léopld Gnininvi… dans les années 90 pour protester contre à l’époque déjà, une CENI, dont la partialité puait à plein nez, et contre le découpage des circonscriptions électorales. La même opposition ira aux législatives de 1994, et remportera la majorité des sièges, qui fera que le poste de premier ministre devrait lui revenir, mais, ce ne sera pas le cas, et le pays fut plongé dans une longue léthargie avec les opérations «villes mortes».
Trois décennies plus tard, on a d’un côté quelques figures de l’opposition de cette époque comme Brigitte-Johnson, Jean-Pierre Fabré et de jeunes loups comme Tikpi Atchadam et de l’autre côté, les descendants et successeurs du pater Famillia Gnassingbé Eyadéma.
Les 14 partis de la coalition de l’opposition, seront aux abonnés absents aux députations du 20 décembre, tant que la CENI ne sera pas remaniée de fond en comble, et que toutes les activités préparatoires de ces élections ne seront pas reprises. En somme, l’opposition exige la reprise du processus à commencer par l’Administration électorale. Elle s’inscrit en faux contre ces élections tronquées, et ont saisi la CEDEAO.
Qu’attendre de cette organisation sous-régionale dont deux éminents de ses missi dominici, en l’occurrence, les présidents Alpha Condé de la Guinée et Nana-Akufo, ahanent depuis plusieurs mois à rapprocher des positions irrémédiablement inconciliables ?
Après avoir fait asseoir les deux sur la même table, pour engranger quelques acquis tels la libérations de manifestants de l’opposition et de pyromanes, ou encore à accepter le principe des élections législatives, voilà les deux médiateurs face à ce qui ressemble à une impasse. Car si la politique de la chaise vide est inopérante, pour le cas du Togo, un boycott dirimerait d’abord la CENI, qui sera infirme des représentants de l’opposition, mais même si par extraordinaire, les législatives avaient lieu le 20 décembre, l’hémicycle se retrouvera vidée d’une partie des députés, et son fonctionnement laissera à désirer.
Quelle potion magique sortiront les deux mandatés de haut vol de la CEDEAO pour solutionner ce qui ressemble à un élargissement de la béance du pouvoir-opposition du Togo ? Véritable quadrature du cercle pour Alpha et Nana-Akufo, dans ce brulôt togolais. A quand des élections calmes, acceptées et à bonne date dans ce petit pays du Golf de Guinée ?
Sam Chris
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