Bruits de bottes au Bénin : Bisbilles militaires ou  soubassements politiques ?

Bruits de bottes au Bénin : Bisbilles militaires ou  soubassements politiques ?

Au Bénin, on est tatillon sur les mots. Coup d’Etat ? Non. Putsch ? Non. Mutinerie ? Peut-être. Le porte-parole du gouvernement a préféré la pudique expression, «actes contraires aux lois». Il a aussi manipulé avec précaution le mot «terrorisme». De sorte qu’on ne sait pas vraiment quel visage mettre sur ce «mouvement» de militaires qui a fait bruisser les feuilles à Cotonou.

Sans doute que les arrestations en vague et le procès qui se profile à l’horizon auront assez de clarté dans leurs mots pour expliquer ce qui s’est passé ou qui a failli se passer dans ce Bénin qui n’a plus accoutumé aux coups d’Etat depuis un bon bout de temps.

En attendant, on ne peut tout de même s’empêcher de soliloquer autour de supputations diverses qui pourraient s’avérer plausibles. D’abord, s’agirait-il vraiment d’un coup d’Etat ? Dans ce cas, qui pourrait être le bénéficiaire (donc commanditaire) d’un attentat d’Etat contre le président béninois Patrice Talon ? Les regards peuvent logiquement se tourner vers son rival le plus logique, Thomas Yayi Boni. Mais ce serait trop flagrant et l’ancien président béninois n’avait pas donné de signe qu’il voudrait passer par des moyens illégaux pour mettre fin au mandat de son rival. C’est vrai que les relations sont tendues entre les deux hommes, mais Thomas Yayi Boni pourrait plus à perdre qu’à gagner dans un pronunciamiento.

Alors, où chercher ? On peut fureter dans la sphère des mécontents et des insatisfaits du régime de Patrice Talon, et surtout de ceux qui en sont victimes. Au premier chef, un certain Sébastien Ajavon, le souffre-douleur de l’actuel président du Bénin. Condamné à vivre loin de son pays après une sentence qui le condamne à passer 20 ans de sa vie en prison, l’homme d’affaires a de bonnes raisons de nourrir des desseins sombres contre le chef du perchoir béninois. Mais ce serait une épée à double tranchant pour lui s’il s’avérait être vraiment derrière cette action rocambolesque. Car, son rival se ferait alors un plaisir, avec un alibi qui ne souffrira plus de contestation, de fondre sur son vis-à-vis pour le mettre en pièces.

Toutes ces supputations doivent se faire en n’oubliant pas que sous les tropiques, les faux coups d’Etat sont de vrais coups de massue qui  sont forgés dans des laboratoires étatiques afin d’assommer des adversaires politiques. Qu’est-ce qui prouve que ces «actions contraires à la loi» n’ont pas été taillées sur mesure pour un dessein non encore dévoilés ? On n’en sait rien. Ce n’est qu’une hypothèse.

Enfin, des militaires oseraient-ils vraiment «prendre en otage» le commandement militaire pour faire valoir on ne sait quelle revendication ? C’est vrai qu’on l’a déjà vu au Burkina Faso où des soldats ont semé la terreur en 2011 pour protester contre leur hiérarchie. Mais on a vu comment cela s’est terminé. Une mutinerie finit généralement mal pour les mutins, si l’objectif est juste de faire entendre raison à leur commandement. Et cette hypothèse est un peu désagrégée par la présence de civils dans le … «complot».

Pour le moment donc, les questions dansent sur les chaumières de Cotonou. Vivement que le soleil  de la Justice se lève pour éclairer ce carnaval de ténèbres.

Ahmed BAMBARA

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