Le Nigeria géant de 180 millions d’habitants, poids lourd de l’UA et de la CEDEAO, et gros contributeur en hommes dans les missions onusiennes de maintien de la paix, votera ce 16 février 2019 pour élire ses sénateurs, ses députés et son président. Qui de l’ex-général président-candidat Muhamudu Buhari ou de l’ancien haut fonctionnaire douanier Atiku Abubakar aura l’onction des 84 millions d’électeurs ?
D’abord, ce ne sont pas des inconnus qui veulent étrenner cette présidence, mais ce sont bien de vieux briscards de la politique nigeriane. La prime au sortant jouera-t-elle pour Buhari ? Peut-être, même si le général, porté à la tête de ce géant aux pieds d’argile en 2015, n’a pu réaliser que de façon mi figue, mi raison les deux (2) chantiers matriciels de son programme : la lutte contre la corruption et la guerre contre Boko Haram. Pour le premier, certes, quelques actions et coups d’éclat, mais rien de plus, pour le second, si l’arrivée du général a galvanisé les troupes qui ont remporté quelques victoires à Damasak, Damatourou et autre Kolofata, repoussant même la secte jusqu’au faubourg de Maroua, au Cameroun, en annonçant de façon péremptoire que «Boko Haram est fini», Buhari s’était lourdement trompé.
La bête sanguinaire est blessée, mais, jusqu’à présent, on n’entend pas son hallali, ce cri de la fin. Le Naira la monnaie locale s’set écroulé et le chômage est endémique sans compter que 2/3 des populations vivent en-dessous du seuil de pauvreté.
C’est dire que le champion de All progressives congress (APC) va à cette élection du 16 février avec quelques atouts, mais rien à voir avec un président auréolé d’un bilan reluisant. Et pourtant, on avait espéré que l’ex-putschiste absous par les urnes en opérant ce come-back allait réaliser des prouesses ! Mon général vous avez un peu déçu !
Quant à son adversaire, plusieurs fois candidat malheureux à la course au mandat suprême, il va avec des avantages, puisqu’il a l’appui d’anciens chefs d’Etat dont le moindre n’est pas Olesegun Obasanjo, dont il fut le vice-président entre 1999 et 2007. Incarnant les valeurs de l’opposition le people democratic party (PDP), cet ancien gabelou, qui a fait sa fortune dans le pétrole, pourrait être une alternative à Buhari, dont on sait la santé chancelante, même si les bouches fendues au mauvais endroit, évoquent le parfum de corrompu qu’il exhale depuis des années.
C’est une présidentielle qui reste un peu ouverte même, si on sait que dans le pays, rarement un président sortant a perdu les élections. Reste à savoir, si en reconduisant Buhari, les Nigerians auront fait le vote utile ou pas. Sauf à penser que leur colistier plus jeunes, pourront un jour prendre la relève. En attendant… c’est l’option entre un militaire gagné par l’âge et la maladie et un milliardaire lui aussi frappé par la logique biologique et qui n’est pas si neuf que cela.
La Rédaction
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